Fonder/refonder : réflexions croisées
Résumé
La décennie 2010-2020 restera probablement comme une période durant laquelle le débat public en France, et plus généralement dans le monde occidental, aura été scandé par des appels incessants à la refondation dans et de l’espace public. Il ne s’agit plus de réformer, c’est-à-dire d’aménager, d’améliorer l’existant, de le transformer sans le modifier profondément. Refonder suppose de définir les modalités d’un commencement nouveau. Ainsi, avec l’appel aux refondations multiples, il semble bien que l’état de crise soit entériné et que la refondation s’impose comme la seule manière envisageable d’assurer la continuité du monde tel qu’il existe, « qu’il tient » sur ses appuis comme l’appréhende la sociologie pragmatique. L’enquête étymologique corrobore cette observation. Refondation est un terme "neuf", forgé en 1991 (après refondateur en 1989 et avant refonder en 1993) dans le moment de l'effondrement de l'URSS et des réflexions du parti communiste français obligé de mener « une transformation radicale associée à la reconstruction d’un lieu ou la réédification d’une organisation ». La crise justifie les moyens, pourrait-on se risquer à paraphraser.
En ce sens, l’exploration croisée du thème des refondations à laquelle invitent les contributeurs de ce volume poursuit la réflexion engagée par la Maison Archéologie & Ethnologie, René-Ginouvès sur les transitions historiques . Cette discussion permet toutefois d’élargir le propos vers une exploration moins centrée sur la question des compositions du temps, linéaires ou cycliques, pour mieux en appréhender les formules d’assemblage qui font nécessairement appel à l’ancrage dans la matière et la spatialité et qui déclinent une grande variété de procédures.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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