Théodoric, ainsi que ses successeurs, fut confronté à un double défi : se faire reconnaître comme prince par la population romaine alors que, envoyé par l’empereur d’Orient, il arrivait en force, roi barbare concurrent d’un autre roi barbare, Odoacre. Et, bien qu’il fût arien comme la plupart des Goths qui l’accompagnaient, se concilier une majorité catholique qui pouvait craindre des persécutions, à l’image de celles menées par les Vandales voisins. Cet article examine les divers moyens qu’il employa pour se poser en prince chrétien fédérateur – mariage, rachat des prisonniers, arbitrage durant le schisme laurentien – et tente de définir les caractéristiques de sa politique religieuse – prudence, neutralité, bienveillance et tolérance –, mais aussi les incidents de parcours à cause desquels, dans un contexte changé, naquit une image de roi persécuteur, image prolongée par des légendes ultérieures. La politique édilitaire déployée à Ravenne est mieux connue et a volontairement été omise.