"Substantialité et hylémorphisme : sur la transmigration (im-)possible chez Avicenne ».
Résumé
Aix-Marseille University, La métempsychose en Islam, International Colloquium organized by Fârès Gillon (Aix-Marseille University, Iremam) / Wissam Halawi (IHAR, Université de Lausanne) / Mathieu Terrier (LEM, Université Paris Sciences et Lettres : PSL), 14-16 Novembre 2024 : 15 November 2024 « Substantialité et hylémorphisme : sur la transmigration (im-)possible chez Avicenne »: Avicenna built his psychological doctrine around the idea of a separate human soul which, as in the Platonic image of the ship's captain, governs the body while being in itself an independent, essentially angelic substance. Such an idea, which makes the body an instrument separate from the soul, itself an incorporeal substance (as in the famous argument of the flying or veiled man), could support the possibility of transmigration: if the human ego is separate from the body - from this body - there is nothing logically to prevent us from thinking that the soul travels from one body to another. And Avicenna does indeed seem to accept, at least as far as imaginative eschatology is concerned, a return of the soul through its union with a celestial body, thus legitimising a kind of transmigration. However, the Avicennian conception is not simply dualistic : the soul is in itself an independent substance but lives a life which, on the one hand, can be explained by virtue of the hylemorphic idea and, on the other, can be explained thanks to the idea of a certain influence of the body on the soul. By following some of Avicenna's texts (in particular some passages from the Book of the Soul V, 2-4), I will try to follow the articulation that lies at the heart of Avicenna's anthropological conception: the soul is in itself a substance independent of the body, while being necessarily linked to the body to the point of finding in its link with this body the reason for its coming into existence.
Aix-Marseille University, La métempsychose en Islam, International Colloquium organized by Fârès Gillon (Aix-Marseille University, Iremam) / Wissam Halawi (IHAR, Université de Lausanne) / Mathieu Terrier (LEM, Université Paris Sciences et Lettres : PSL), 14-16 Novembre 2024 : 15 November 2024 « Substantialité et hylémorphisme : sur la transmigration (im-)possible chez Avicenne »: Avicenne construit sa doctrine psychologique autour de l'idée d'une âme humaine séparée qui, comme dans l'image platonicienne du nautonier du navire, gouverne le corps tout en étant en elle-même une substance indépendante, essentiellement angélique. Une telle idée, qui fait du corps un instrument séparé de l'âme, elle-même substance incorporelle (comme dans le célèbre argument de l'homme volant ou voilé), pourrait soutenir la possibilité de la transmigration : si le moi de l'homme est séparé du corps - de ce corps ci - rien n'empêche logiquement de penser que l'âme voyage d'un corps à l'autre. Et Avicenne semble en effet accepter, au moins en ce qui concerne l'eschatologie imaginative, un retour de l'âme qui passe par son union avec un corps céleste et légitime ainsi une sorte de transmigration. Toutefois, la conception avicennienne n'est pas tout simplement dualiste : l'âme est en soi une substance indépendante mais vit une vie qui, d'une part, s'explique en vertu de l'idée hylémorphique et, d'autre part, s’explique grâce à l'idée d'une certaine influence du corps sur l'âme. En suivant quelques textes d'Avicenne (notamment quelques passages du Livre de l'âme V, 2-4), j'essaierai donc de suivre l'articulation qui est au cœur de la conception anthropologique d'Avicenne : l'âme est en soi une substance indépendante du corps tout en étant nécessairement liée au corps au point de trouver dans son lien avec ce corps la raison de sa venue à l'existence.
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