Le site moustérien récent du Fossé du Bois à Appoigny (hameau des Bries, vallée de l'Yonne) : approches taphonomique, pétrographique et techno-économique de l'industrie lithique
Résumé
In 2015, a large rescue excavation to the north of Auxerre led to the discovery of Mousterian occupations in the Appoigny district, within colluvial deposits covering a large paleochannel at the top of the middle terrace of the Yonne. The archaeologists recovered a large, well-preserved lithic assemblage with no other artifact types. A techno-typological analysis confirmed the homogeneity of this assemblage in terms of flaking methods (mostly Levallois), production objectives (elongated, quadrangular and triangular blanks), and retouched tools (tool types, retouch types, selected blanks, etc.). In addition to this “technical and stylistic” consistency, this assemblage corresponds to an economic facies that is rare at open-air sites. The techno-economic analysis revealed a dominant consumption facies associated with a spatio-temporal ramification and fabrication of the chaînes opératoires. While flaking activities did occur at the site, they are not frequent. On the contrary, a large percentage of the Levallois products was imported to the site along with cortical products and perhaps a few nodules to be used as matrices for occasional flaking as needed. A large number of retouched pieces was also imported to the site. The high proportion of imported pieces and finished products (full-debitage blanks and tools stricto sensu) indicates they were used during a short-term occupation for specialized activities, probably related to hunting, as indicated by a functional analysis. From a typo-technological perspective, and based on regional comparisons, the assemblage can be attributed to a Mousterian Levallois techno-complex with a laminar component, scrapers, and a few bifaces. This assemblage is thus similar to those found in Sénonais and attributed to the end of the Early Weichselian and the North-West techno-complex. This Mousterian assemblage could thus be associated with one or several occupations at the end of Marine Isotope Stage 5. Based on the stratigraphic data and luminescence dates, however, these occupations could be more recent and closer to Marine Isotope Stage 3.
Une vaste fouille préventive réalisée au nord d’Auxerre en 2015 a permis la découverte d’occupations moustériennes sur la
commune d’Appoigny au sein de dépôts colluviaux couvrant un large paléochenal inscrit au toit de la moyenne terrasse de l’Yonne. Elles
ont livré une riche série lithique, à l’exclusion de tout autre mobilier, dont l’approche taphonomique atteste son bon état de conservation.
L’analyse techno-typologique de la série a mis en avant une forte cohérence de l’ensemble recueilli, tant au niveau des concepts de
débitage mis en oeuvre (essentiellement Levallois) que des objectifs de production (produits allongés quadrangulaires et triangulaires) ou
encore du panel d’outils retouchés (type d’outils, style de retouche, supports sélectionnés…). Au-delà de cette homogénéité « technique
et stylistique », la série se démarque par un faciès économique peu fréquent en plein air. En effet, l’analyse techno-économique met en
évidence un faciès de consommation dominant associé à une ramification et une fragmentation spatio-temporelle des chaînes opératoires.
Si des activités de débitage ont bien eu lieu sur site, elles ne sont pas dominantes, une part importante de la production Levallois
ayant été introduite sur site accompagnée de produits corticaux et peut-être de quelques blocs, en tant que matrices destinées à un débitage
d’appoint. Une forte composante de pièces retouchées a également été introduite sur site. L’import massif et la forte représentativité
de cet ensemble de produits finis (supports de plein débitage et outillage stricto sensu) impliquent une utilisation au cours du séjour sur
le site, dans le cadre d’activités probablement spécialisées, probablement d’ordre cynégétique comme le suggère l’approche fonctionnelle.
D’un point de vue typo-technologique, et sur la base de comparaisons régionales, l’ensemble peut être rattaché à un technocomplexe
moustérien Levallois à composante laminaire, à racloirs et rares bifaces, proche de ceux mis en avant en Sénonais au cours de la fin
du Weichsélien ancien et rapprochés du techno-complexe du Nord-Ouest. La série moustérienne pourrait alors être rapportée à une
ou plusieurs occupations de la fin du stade isotopique 5. Sur la base des données stratigraphiques et des datations par luminescence,
ces occupations pourraient être cependant plus récentes, plus proches du stade isotopique 3.
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