Ville fragile et paroles vives. Notes sur le rôle de l'oralité dans le contexte des banlieues-mondes - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2003

Ville fragile et paroles vives. Notes sur le rôle de l'oralité dans le contexte des banlieues-mondes

Résumé

Les banlieues populaires françaises occupent une place paradoxale dans la modernité urbaine : elles en sont à la fois au cœur et à la marge... Symbole de modernisation et de progrès dans les années 70, elles ont accompagné la redéfinition de la question sociale pour devenir, une décennie plus tard, une des avant-scènes sur laquelle se jouaient les premiers « conflits d'horizontalité » . Premières touchées par la logique de la « désaffiliation » , elles sont devenues des espaces de relégation, des « contre-mondes de la mobilité » dans un univers où les dominants sont de plus en plus en mouvement . Parce qu'elles concentrent tous les problèmes du temps, l'imaginaire en a fait des espaces légendaires qui simultanément inquiètent mais rassurent en ce qu'elles permettent « d'externaliser » ces mêmes difficultés. La peur et le mépris social contribuent ainsi à renforcer cette mise au ban. Espaces d'assignation, ces quartiers où aucun citadin ne va jamais se promener, semblent plus ouverts sur les images du monde que sur la ville-centre dont ils marquent la périphérie. Les paraboles accrochées aux fenêtres captent les flux d'images circulant à l'échelle planétaire. Le petit écran ouvre, au-delà du lieu, sur un autre espace sémantique, à partir duquel peut se construire le sens de ce qui se vit, là. Ces lieux sont ainsi paradoxalement au cœur de cette dynamique de « déterritorialisation » qui infléchit aujourd'hui les rapports entre espace, culture, société, et pouvoir . Les images télévisées viennent irriguer des imaginaires identitaires, nourrir d'autres signes, la diversité des mondes qui habitent ces espaces. Entre les mondes nostalgiques de l'exil et ceux que se créent les enfants de l'immigration, sur le mode de la tradition réinventée ou de l'identité réactive, se pose cette autre question cruciale de la modernité urbaine : celle de la construction d'un sens commun, partagé . Le propos de cet article est d'interroger la place et le rôle de l'oralité dans ce contexte particulier. Nous suivrons la parole et les liens qu'elle contribue à nouer et à dénouer, en évoquant trois actes de langage qui nous semblent jouer un rôle essentiel dans la sociabilité des collectifs de jeunes de ces quartiers : les ragots, les vannes et la promesse. Ce seront enfin les récits par l'intermédiaire desquels ces jeunes se racontent qui retiendront notre analyse... L'objectif de cet article est tout d'abord d'analyser le rôle de la parole en situation de désaffiliation. À partir et au-delà de ce contexte urbain, l'hypothèse que nous voudrions ensuite explorer est que l'oralité – en tant que dynamique sociale et symbolique – joue un rôle clef dans les processus d'émergence culturelle dont ces villes sont le creuset.
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Origine : Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-00421515 , version 1 (02-10-2009)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00421515 , version 1

Citer

Virginie Milliot. Ville fragile et paroles vives. Notes sur le rôle de l'oralité dans le contexte des banlieues-mondes. J.B. Martin et N. Decourt. Littérature orale. Paroles vivantes et mouvantes,, PUL, pp.123-138, 2003. ⟨hal-00421515⟩
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