Cet article interroge la manière dont l'ethnologue intériorise, s'approprie et rend compte des récits de vie collectés sur le terrain. Partant de la description d'une relation privilégiée nouée avec une femme, dans la région française de Dombes, l'auteur rend compte des multiples facettes de cette interaction, qui fait écho, sur un mode décalé, au feuilletage des identités, parfois conflictuelles, qu'incarne l'individu dans son rapport avec l'environnement social. L'articulation entre l'individu et le collectif, au cœur de la construction du savoir ethnologique, pose la question de sa restitution au moment de l'écriture. Les usages et mésusages du récit de vie illustrent la situation paradoxale du chercheur qui, à partir de la narration d'une vie et de sa rencontre singulière avec l'autre, produit une description de la vie sociale qui tend à gommer l'individu, au profit d'un autre récit.