Cet article propose une analyse de l'historiographie produite par les Druze d'Israël pour mettre en perspective leur trajectoire singulière comme population arabe dans l'Etat palestinien. Dans un ouvrage qui explore la mémoire et l'historiographie palestinienne, considérer la thématique du point de vue de la communauté druze, qui a négocié sa loyauté à l'Etat hébreu contre la reconnaissance de son autonomie juridictionnelle en 1956, c'est bien voir l'histoire palestinienne "de ses marges" sinon de l'extérieur. Les Druzes se sont construit un récit alternatif à celui du mouvement national palestinien qui laisse totalement en creux la nakba de 1947 pour articuler son discours historiographique autour de la charnière "logique" 1936-1956. Selon cette perspective, le choix fait en 1956 a ses racines dans la période de la révolte arabe de 36 durant laquelle les rebelles musulmans ont largement molesté les paysans druzes et ont entaché leur honneur, ce qui a rapproché ces derniers des organisations juives qui s'installaient alors en Galilée. Cette perspective druze sur l'histoire du passage du mandat britannique à l'etat d'Israël n'est qu'un aspect du dossier pour comprendre la "mémoire druze" en Israël. L'article en explore dans une seconde partie d'autres facettes qui affleure dans le folklore, la poésie, le traitement des soldats morts en service et le musée qui leur est dédié à Daliyat el-Carmel. C'est ainsi un ensemble plus complexe sur la mémoire druze palestinienne qui émerge ainsi et qui montre que les Druzes partagent de nombreux motifs de mémoire avec l'ensemble de la population palestinienne.