Des utopies conservatrices : Franco, Pétain et les artisans
Résumé
Franco et Pétain sont deux militaires qui se connaissent et s’apprécient. Tous deux deviennent chefs d’Etat et instaurent, tout comme Salazar au Portugal, des régimes autoritaires et traditionalistes qui accordent de l’importance à l’artisanat. Mais, au-delà de cet affichage, quelle est la réalité de leur politique artisanale ?
Si Vichy et le franquisme valorisent l’artisanat dans leur propagande, celle-ci en trahit une conception rétrograde. Les deux régimes se retrouvent pour célébrer un artisanat folklorique. Ils vivent dans le mythe d’un âge d’or antérieur à la révolution industrielle. Franco comme Pétain entendent restaurer l’artisanat dans sa gloire passée. Ce mythe s’inscrit dans un rejet de la société industrielle et une défense du corporatisme. L’artisanat ancien devient un modèle à suivre pour l’organisation économique présente. Vichy et le franquisme s’éloignent ainsi de la réalité d’un artisanat qui a évolué avec le capitalisme et les deux révolutions industrielles. Ils en ont une conception très étriquée.
A l’œuvre, le franquisme apparaît plus dirigiste que Vichy. L’artisanat est placé sous la tutelle d’un syndicat unique omnipotent, la obra sindical de artesania, alors qu’en France les confédérations subsistent et que les artisans dépendent de différents comités d’organisations. Mais, d’une part, le franquisme ne reconnaît comme artisanal qu’un nombre limité de professions et les autres très petites entreprises se retrouvent éclatées. Et, d’autre part, le service de l’artisanat de Vichy affirme son autorité. Les deux régimes entendent encadrer l’artisanat, en s’appuyant notamment sur des coopératives contrôlées par l’Etat. Mais, agissant avec leurs présupposés, leur action ne répond pas aux besoins économiques de l’artisanat. Le crédit artisanal progresse fort peu. Les importants problèmes de pénuries ne sont pas efficacement appréhendés...
L’action politique se retrouve en contradiction avec les discours de la propagande. Prisonniers d’un cadre idéologique archaïque, les régimes de Franco et de Pétain ne réussissent pas à concevoir une politique artisanale opérante. Ils apparaissent, dès lors, comme des utopies conservatrices.
Domaines
Histoire
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