Féminisation de la magistrature : quel est le problème ?
Résumé
Alors que les femmes n'ont accédé à la fonction de magistrate qu'en 1946, elles représentent aujourd'hui 60 % des juges en poste et constituent 80 % des promotions de l'École nationale de la magistrature. Anne Boigeol a montré combien cette féminisation rapide d'une profession des classes supérieures a suscité de fortes résistances en son sein. Dans les années 1950, les rapports des jurys de concours, rédigés par de hauts magistrats, s'interrogeaient sur l'aptitude des femmes à exercer la profession (qualité du timbre de la voix, capacité d'autorité, de raisonnement et de maîtrise de soi) ; et dans les années 1970, tandis que la féminisation de la magistrature était désormais inéluctable, les jurys ont commencé à s'inquiéter du ''péril'' que représentait la féminisation ''excessive'' de la profession [Boigeol, 1996].