Recension de: Collobert, C., Parier sur le temps, La quête héroïque d’immortalité dans l’épopée homérique, Paris, Les Belles-Lettres, 2011
Résumé
Pourquoi lire philosophiquement l’épopée homérique ? Cette question ne se pose pas seulement à nous, contemporains, qui jugeons que l’œuvre d’Homère appartient davantage au champ littéraire et non théorique, mais aussi bien à ceux qui, dès l’époque des présocratiques, s’évertuaient à critiquer des descriptions, des représentations, des concepts peut-être, qui affleuraient dans le texte d’Homère. Platon, en inventeur d’une certaine pratique de la philosophie, est sans doute le meilleur exemple de ces philosophes pour qui l’œuvre homérique n’est pas réductible à un ensemble de croyances et de représentations non-philosophiques, puisqu’il s’évertue à le citer, le reprendre, le transformer, le critiquer sur des sujets comme la nature des dieux, l’éducation à la vertu, la représentation du monde de la nature et des hommes. À ce titre, si elle n’est pas à strictement parler un texte philosophique, l’épopée véhicule bien certaines représentations qu’il convient de questionner philosophiquement ; il y a un gain épistémologique évident à remettre en cause la frontière qui sépare philosophie et poésie en ce qui concerne Homère, et tel est la gageure de l’ouvrage de C. Collobert.