C'est au coeur de la petite bourgade de Clover que prend place le récit. Carson, un adolescent de 17 ans sarcastique au possible ne rêve que d'une chose: quitter sa ville minable pour devenir un super journaliste, publier un jour dans le New Yorker et devenir son rédacteur en chef; mais dans un premier temps, entrer à l'université de ses rêves: Northwestern. Même s'il lui faut, pour appuyer sa candidature, lancer seul un magasine littéraire. Malheureusement pour lui, les étudiants ne semblent guère capables d'écrire autre chose que des textos. Qu'à cela ne tienne, l'adolescent est aux aguets, et surtout il n'a plus rien à perdre. Pour parvenir à ses fins, Carson a une nouvelle stratégie toute trouvée: il se transforme en maître chanteur en obligeant certains élèves (qui ont des secrets gênants à cacher) à lui écrire des articles. Mais à ce petit jeu, ne risque-t-il pas de se brûler les ailes? [SDM]. Teintée de sarcasme et d'ironie, cette tragi-comédie à l'humour grinçant invite le lecteur à entrer dans un pan de la vie d'un jeune homme via son journal intime. C'est ainsi que l'on va découvrir Carson, un ado à la fois détestable et touchant. Bien qu'il use d'un humour très noir et de répliques cinglantes, on devine derrière un jeune bien plus humain. Les passages entre Carson et sa grand-mère, malade, en témoignent. Ce dernier est drôle du début à la fin, avec son côté retors, ses idées fantasques, son avis corrosif sur ses camarades. À ses côtés, on a toute une ribambelle de personnages tout aussi loufoques et pathétiques, mais tous, d'une manière ou d'une autre, apportent leur pierre à l'édifice. Il n'y a pas de grands rebondissements ou retournement de situation, à l'exception de la fin. Pour autant, cela n'empêche en rien de savourer le texte dont la véritable force se situe, non pas dans la complexité du schéma narratif, mais dans le personnage de Carson, l'anti-héros cynique à souhait. Une lecture jubilatoire qui se lit avec une facilité déconcertante. [SDM].