, Histoire qui vaille. La confusion des valeurs se fait de plus en plus conséquente au fil du poème. C'est ainsi qu'un même vocable, le « labyrinthe », évoque indifféremment le passé surréaliste 50 et le dédale effrayant dans lequel attend le minotaure stalinien 51 ; que la « féérie énorme et machinée » 52 de l'utopie socialiste peut faire écho au « Saint-Empire des nuées », à la « fin du Moyen-Âge » des jongleries verbales de ceux qui étaient « trois ou quatre au bout du jour/ assis/ À marier les sons pour rebâtir les choses » 53 . L'ambivalence règne, l'unité subjective vole en éclats (« J'ai déchiré des pages et des pages, vol.54

C. , comme le sont aussi les tentatives de programmation ou d'orientation de la réception (dernière phrase du « Prière d'insérer », sur la quatrième de couverture de l'édition originale : « Plus que jamais ici, l'amour tient la première place »), le texte nous semble témoigner très éloquemment quoiqu'en creux de « ce que [la politique] fait d'un homme ». Certes, le « désordre » est encore circonscrit

. L'agonie-interminable-de-l'utopie-nourrira-toute-l'oeuvre-dernière-d'aragon, Le constat d'un avenir littéralement soufflé traverse en effet ses poèmes comme ses romans, preuve que la compréhension du naufrage de l'Histoire n'est pas feinte. Le recueil Les Poètes (1960) évoque « l'avenir qui n'est à personne, vol.56

, « Les mots m'ont pris par la main », op. cit., p. 84 : « Perdus perdus dans le labyrinthe inventé/ La proie d'eux-mêmes d'eux-mêmes minotaures

«. Moscou, , p.232

. Ibid,

, « Les mots m'ont pris par la main, p.81

P. ,

». «-Épilogue, L. Poètes, I. Opc, and O. Ii, commune de l'histoire » 57 , et cette tragédie, pour celui qui se trouve « sur le môle de [son] langage », de n'avoir été « que cela » 58 et de ne pouvoir recommencer, tandis que le sentiment d'avoir été floué mais aussi d'avoir contribué à la mascarade (« Pablo mon ami qu'avons-nous permis » 59 ) irrigue l'Élégie à Pablo Neruda, Les Chambres, p.487, 1966.

. Le-«-drame, nazisme fondés l'un comme l'autre sur un antihumanisme assumé, « fait l'inverse de ce qu'il énonce » 64 , conservant, au plus sombre du travestissement de l'idéal en machine totalitaire, un discours axiologique très cohérent basé sur les mots d'ordre et les impératifs moraux liés à l'édification d'un monde meilleur. Aragon évoquera ainsi dans sa préface à La Plaisanterie de Kundera, en 1968, cette voix qui « impose d'appeler vertu le crime », « [c]ette voix du mensonge qui prétend parler au nom de ce qui fut un demi-siècle l'espoir de l'humanité » -voix qui, annonçant l'écrasement du Printemps de Prague, signe « la condamnation de nos illusions perpétuelles », écritil 65, auquel Aragon s'est affronté dans son oeuvre comme dans sa vie est très étroitement lié à la duplicité d'un système qui, vol.63, p.485, 1969.

». «-la-chambre-de-don-quichotte and L. Poètes, , p.360

É. , P. Neruda, O. , and T. Ii, , p.1075

. Ibid,

L. Chambres, . Opc, and O. Ii, , p.1121

, On renvoie encore une fois à la La Fin du 'Monde réel', texte dans lequel Aragon qualifie de « drame à deux personnages » les « résonances imprévues » que prend dans l'homme la politique, dédoublement qui est le résultat de « la politique, et partout les hommes qui la font, et [?] ce qu'elle fait de ces hommes, p.625

J. Verdès-leroux and A. Parti, Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956), op. cit, p.53

M. Kundera, L. Plaisanterie, and P. Aragon, Du monde entier, 1968, p. V. suivant : « l'Histoire a rendu l'enthousiasme amer, et fait de tout espoir un masque de carnaval » 66 . Écrit à la croisée des chemins, Le Roman inachevé n'a pas encore cette tonalité crépusculaire. Profondément ambivalent, donc profondément émouvant, Ce roman que je tiens pour une oeuvre majeure », Gallimard, coll

A. Aragon and . Hugo, rééd. Messidor/Temps actuels, p.42, 1985.