Affects électroniques au Japon. Les systèmes de rencontre par machines interposées - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique Année : 2020

Electronic affects in Japan. Dating a Human through a Machine

Affects électroniques au Japon. Les systèmes de rencontre par machines interposées

Résumé

In Japan, incommunication currently benefits from a certain preference: electronic interfaces, in which personal expression has been replaced by a compendium of pre-written words and standardized emoticons, allow the use of established formulas to “prevent misunderstanding.” To “reduce the distance between people” and to facilitate exchange, some engineers have also developed prototypes of machines programmed to substitute for humans in their interaction. In matters of love, these systems take a variety of forms: a touch-screen program for finding a perfect match, a “love-at-first-sight” detector, or a matchmaker robot…. Deliberately designed as a “screen,” in the literal sense of the word, these digital tools are considered to be especially useful because they relieve individuals of the burden of free and contingent speech. In a reversal of the “liberal” idea that individuals are autonomous, competitive, and responsible, the adepts of computer-assisted dating espouse the virtues of irresponsibility, artificiality, and anonymity, contrary positions that they hold to be the ultimate guarantee of the best of all possible human interactions. What should we make of this?
Pour donner la « preuve » que l’incommunication peut favoriser les relations sentimentales, l'ingénieur Ogawa Kôhei (Université d’Osaka) teste en 2017 un dispositif de rencontre amoureuse lors du salon Niconico Chôkaigi qui rassemble 250 000 personnes à Tôkyô. Il propose aux visiteurs l’expérience d’un « Sanctuaire expérimental de l’amour » (Ren’ai jikken jinja) qui se présente sous la forme d’une pièce séparée en deux par une vitre transparente et dans laquelle, en face à face, un homme et une femme doivent dialoguer via un programme de questions/réponses pré-écrites sur un écran tactile. Le dispositif vise à vérifier si « la conversation à choix forcés sur écran tactile n’est pas plus efficace que la conversation libre pour réduire la distance entre les êtres humains ». Avec un résultat surprenant : 80% des personnes décident de sortir ensemble par la porte de l’amour. Dans quelle mesure cette expérience est-elle révélatrice des changements sociétaux au Japon ? Peut-on imaginer qu’un tel dispositif pourrait obtenir du succès en Occident ? À rebours d’un certain discours « libéral » qui veut que l’individu soit autonome, performant et responsable, de nombreux penseurs au Japon prônent au contraire les vertus de l’irresponsabilité, de l’artificialité et de la médiation, garanties sine qua non, disent-ils, de meilleurs échanges inter-humains. Qu’en penser ?
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02526640 , version 1 (31-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02526640 , version 1

Citer

Agnès Giard. Affects électroniques au Japon. Les systèmes de rencontre par machines interposées. Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique, 2020, Les incommunications, 84, pp.104--110. ⟨hal-02526640⟩
38 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More