Les camps d’étrangers, qui sont au coeur des politiques migratoires, constituent un objet d’étude et la source d’interrogations variées pour les chercheurs de toutes disciplines qui cherchent à mettre en évidence les fonctions manifestes ou latentes du phénomène, s’interrogent sur ce qui les rapproche ou au contraire les différencie des camps d’avant-guerre, des camps d’internement coloniaux, voire des camps des régimes totalitaires. Une des questions récurrentes est de savoir si l’on peut désigner par un même terme une réalité aussi multiforme, si l’on peut, en somme, dégager un « concept » de camp au-delà de la diversité des formes concrètes que revêt le phénomène. Ces questions théoriques sont difficilement dissociables des enjeux politiques : la dénonciation des camps d’étrangers est au cœur des critiques formulées à l’encontre de l’inhumanité de politiques migratoires qui, à l’heure de la mondialisation, entérinent le grand partage entre les habitants des pays riches et ceux des pays défavorisés, empêchés de circuler librement.