Le réalisme, expansion totale de la caricature
Abstract
Le réalisme littéraire français pré-naturaliste – disons de Balzac aux Goncourt, en passant par Flaubert et Baudelaire – peut à bon droit être considéré comme un transfert, dans l’ordre du discours, de l’esthétique de la caricature : tous, à l’exception de Flaubert, lui ont consacré des développements plus ou moins longs (un essai entier, dans le cas de Baudelaire !), sans avouer cependant totalement leur dette. Car la caricature est autant un contre-modèle qu’un modèle : comment fonder le roman ou la poésie moderne sur la déformation comique de la réalité, au moment même où l’on prétend en offrir la représentation la plus exacte ? D’où la mauvaise conscience de l’écrivain réaliste, qui l’amène soit à hyperboliser le caricatural jusqu’à le métamorphoser en autodérision burlesque (Vallès) ou en fantastique (Baudelaire), soit au contraire à en atténuer les signes manifestes au point qu’il en devienne invisible (c’est le « comique qui ne fait pas rire » de Flaubert). De là une contradiction propre au réalisme français du 19ème siècle, où l’omniprésence de la caricature semble impliquer paradoxalement son dépassement, voire son reniement.
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