La notion de « minorité » connaît aujourd’hui une multitude d’usages et de mésusages dans l’ensemble des sciences sociales, comme dans le champ politique et médiatique. Pour autant, et comme le soulignent à juste titre Bernard Voutat et René Knussel, malgré la diversité des cadres théoriques existants, il semble toujours bien délicat de s’accorder sur une définition universelle rigoureuse qui couvrirait la profusion de situations spécifiques liées aux minorités. Comment, dès lors, aborder les enjeux qui abondent autour des « groupes minoritaires » et articuler, à partir des contradictions en mouvement dans le corps social, une approche universaliste des droits et des pratiques axées sur la défense et la promotion de groupes particuliers ? Cette problématique, au cœur du rapport entre « majorité » et « minorités » – qu’elles soient migrantes ou d’une toute autre nature – renvoie à une cascade de questions sur ses mises en tensions, ses retombées dans les champs scientifique, politique et juridique. Notre dossier se fixe l’ambition d’éclairer certaines de ses retombées, et d’apporter, à travers une série d’études de cas, des éléments de compréhension, tant théoriques qu’empiriques.