'Fin de partie' de Samuel Beckett : là-bas, ici, encore (I). L’enveloppe et le Moi-peau
Abstract
“ Je suis le tympan, d’un côté c’est le crâne, de l’autre le monde », dit la voix de « L’Innommable ». Hugh Kenner songeait sans doute à cette phrase lorsqu’il voyait dans le décor de Fin de partie l’intérieur d’un crâne, les deux ouvertures figurant les orbites. Il s’agit ici de poursuivre l’hypothèse en proposant comme modèle organisateur de la pièce le schème du « Moi-peau » et de l’enveloppe, initié par Bion et repris par Didier Anzieu. La pièce s’écrit entre trois murs, entre partir et rester, une enveloppe qui s’entrouvre et une autre qui se referme, sur un contenu qui se vide et s’amenuise -- biscuits, bouillie, calmant, cercueil -- et un discours qui évide le signifié et ne conserve que l’enveloppe sonore du signifiant. C’est ainsi paradoxalement l’absurde, défini comme forme sans contenu, enveloppe vide, qui se trouve constitué en schème de sens.