Les stoïciens étaient-ils démocrates ?
Abstract
The stoic system seems to contradict the very idea of democracy: democracy is the government of the people, that is to say, of fools, who are, as such, exiled from the cosmic city, outside the law insofar as they are unable to understand and clearly figure it out. Only the Sage is at the same time a citizen and a ruler. Nevertheless, stoicism also argues that every human being, whoever he is, is as such able to be citizen and is destined for this duty; that noone can escape from the law, which is the ground for the universal egality of mankind; that a citizen is a truly free power of decision. Stoicism endorses democratic principles, without claiming a proper legislation. This paper highlights the theoretical reasons of this gap between theory and practice.
Le rapport qu’entretient le stoïcisme avec l’idée de démocratie est complexe. Par principe, il semble s’y opposer radicalement : la démocratie n’est jamais que le gouvernement des gens du commun, c’est-à-dire des insensés, qui sont par définition exilés de la cité cosmique, en dehors de la loi, puisque incapables de la poser et de la comprendre pleinement. Seul le Sage est ainsi citoyen et gouvernant. Pourtant, le stoïcisme pose également que tout homme, quel qu’il soit, est par principe capable d’être citoyen et est appelé à l’être ; que nul ne peut se soustraire à la loi, laquelle fonde l’égalité universelle de tous les hommes ; que le citoyen est défini comme une instance irréductiblement autonome de décision. Le stoïcisme se révèle défendre des idéaux démocratiques, mais sans réclamer de législation particulière. Nous montrons ici quels sont les principes internes au stoïcisme qui empêchent ce passage de la théorie à la pratique.