COMMENT DIRE OUI ? LES MARQUES D'ACCORD DANS LE CORPUS LANCOM : ANALYSE DIDACTIQUE ET LINGUISTIQUE - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2008

COMMENT DIRE OUI ? LES MARQUES D'ACCORD DANS LE CORPUS LANCOM : ANALYSE DIDACTIQUE ET LINGUISTIQUE

Juliette Delahaie

Résumé

LanCom is a native/non-native corpus of spoken french interactions. Its analysis shows that the non-native learners of french as a foreign language and the french native speakers express the agreement in very different ways. Thus, we propose a linguistic and didactic study of some terms of agreement, like bien sûr, d'accord, or voilà, that native speakers frequently use in LanCom, when the others don't.
Cette communication se propose de montrer quelle peut être la contribution d'un corpus d'interactions verbales comme LanCom, à la fois à ce que l'on pourrait appeler une grammaire de la conversation, et à un enseignement communicatif de l'oral en français langue étrangère, à travers l'étude des marques d'accord bien sûr, d'accord, oui, tout à fait et voilà.
LanCom (Langue et Communication) est un corpus différentiel natif/non natif constitué d'interactions verbales enregistrées pour moitié en Belgique néerlandophone (productions orales en langue française d'élèves non natifs filmés dans différents établissements secondaires), pour l'autre moitié en France (enregistrements de scènes faisant intervenir les mêmes types de transactions, authentiques ou simulées), et accessible sur Internet (http://bach.arts.kuleuven.ac.be/elicop). Il a eu dès son origine une vocation de recherche, à la fois en linguistique française et en didactique du français langue étrangère dans une perspective communicative.
La comparaison entre les productions orales des non-francophones et celles des francophones a une dimension heuristique intéressante, dans la mesure où elle met souvent en lumière la manière dont se « bricolent » les interactions verbales en français (terme que j'emprunte à Kerbrat-Orecchioni : 1998 : 61, qui parle de « bricolage interactif »), et où elle présente par contraste ce qui ne va pas dans les interactions des non-francophones. Le corpus LanCom montre en effet que les apprenants de niveau avancé, malgré des compétences grammaticales et lexicales relativement élevées, éprouvent des difficultés dans la gestion de l'interaction verbale et la co-construction du discours : s'adapter et participer au discours du locuteur en manifestant son accord ou son désaccord, savoir prendre et rendre la parole au bon moment, aucune de ces activités interactives n'est évidente à leurs yeux. C'est la raison pour laquelle le Cadre européen commun de référence pour les langues (2001) fait de la dimension interactive du langage un des objectifs primordiaux de l'apprentissage des langues, en accordant une attention particulière aux « stratégies d'interaction » comme la « coopération interpersonnelle » (ibid. : 69). Mais encore faut-il disposer de descriptions linguistiques et interactionnelles susceptibles d'inspirer les matériaux didactiques et la pratique pédagogique.
Or les marques d'accord ont suscité un intérêt relatif dans le domaine de la linguistique interactionnelle, contrairement à d'autres morphèmes comme ceux que l'on appelle les « marqueurs de structuration de la conversation » (Roulet, école de Genève : 1987), qui servent à construire la continuité du discours. Elles participent pourtant de ce travail collaboratif qu'est l'interaction en tant que procédés de validation interlocutoire, elles jouent de plus un rôle non négligeable dans la politesse positive comme anti-Face Threatening Acts, actes « antimenaçants » pour le destinataire (Kerbrat-Orecchioni, 1996 : 227). Et surtout, leur emploi ne va pas de soi : dans les interactions du corpus LanCom, les apprenants non-francophones font un usage extensif et maladroit de ok et de oui, mettent un bien sûr là où il faudrait un simple oui, oui là où l'on attendrait un d'accord, et n'emploient jamais des marques comme voilà, mot qui apparaît pourtant de manière récurrente dans les interactions entre francophones. C'est que les marques d'accord ont chez ces derniers des emplois bien spécifiques : l'analyse des interactions francophones du corpus montre en effet que oui, bien sûr, d'accord, tout à fait et voilà, qui sont les marques les plus fréquentes et en apparence synonymiques, ne sont pas toujours interchangeables dans la conversation, même pour le cas de oui, considéré comme l'adverbe d'affirmation le plus polyvalent.
Quels sont précisément les emplois en conversation de ces marques d'accord ? Servent-elles toutes à exprimer la confirmation, l'acquiescement, l'assentiment, notions voisines mais distinctes ? Peut-on les qualifier de « régulateurs » ou constituent-elles des interventions à part entière ? Y a-t-il une variation dans leur emploi en fonction du type de l'interaction ? Nous tenterons de répondre à ces questions en procédant à une analyse linguistique et interactionnelle des marques d'accord du corpus LanCom dans son volet francophone, et nous présenterons les préférences d'emploi propres à chaque terme.
Cette étude n'est que le premier volet d'une recherche dont l'objectif est aussi didactique : comment enseigner la langue orale dans sa dimension communicative aux apprenants de français langue étrangère, et quoi enseigner précisément?



Références
Bibliographie
CONSEIL DE L'EUROPE, 2001. Cadre européen commun de référence pour les langues. Paris : Didier.
KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, 1992. Les Interactions verbales, t.II. Paris : Armand Colin.
KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, 1998. La notion d'interaction en linguistique : origines, apports, bilan in Langue française 117 : 51-67. Paris : Larousse.
ROULET, Eddy, AUCHLIN, Antoine, MOESCHLER, Jacques, 1987. L'articulation du discours en français contemporain, Berne, Francfort s.Main, New York, Paris : Lang.
Site Internet
Département de Linguistique, Faculté des Lettres, Université de Louvain, K.U.Leuven, http://bach.arts.kuleuven.ac.be/elicop, (2002). Consulté en janvier 2006.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00125003 , version 1 (17-01-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00125003 , version 1

Citer

Juliette Delahaie. COMMENT DIRE OUI ? LES MARQUES D'ACCORD DANS LE CORPUS LANCOM : ANALYSE DIDACTIQUE ET LINGUISTIQUE. Colloque International des Etudiants Chercheurs en Didactique des Langues et en Linguistique, LIDILEM, Jul 2006, Grenoble, France. p.373-380. ⟨halshs-00125003⟩

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