Comprenant des contributions de sociologues, de politistes, d'historiens et d'économistes, ce numéro porte sur la construction européenne selon une double dimension : un volet communautaire et sa réappropriation dans des contextes nationaux différents. Quatre éléments relatifs à l'étude de l'Europe sont particulièrement saillants dans les contributions. La production de règles, normes et politiques publiques, ainsi que leur mise en œuvre par des acteurs divers à différents niveaux y apparaissent comme un processus d'élaboration conjointe. De plus, elles se caractérisent par l'imbrication entre les sphères du politique, de l'administration, de l'expertise et de la science. Cette imbrication soulève alors la question de la légitimité des instances européennes et des politiques qu'elles mènent, en raison de leurs fondements pluriels et partiellement contradictoires. Enfin, l'étude de cet objet Europe pose des questions épistémologiques et méthodologiques stimulantes. Les entrées sur le terrain d'enquête européen sont en effet variées : au-delà de l'exigence forte d'une analyse distanciée et critique de la construction européenne, l'étude des discours, l'analyse des pratiques par observation participante, l'approche comparative, ainsi que le croisement des regards disciplinaires et des perspectives théoriques se révèlent très riches. Le numéro comporte en outre une traduction d'un texte inédit de Neil Fligstein et Frédéric Mérand, « Mondialisation ou européanisation ? La preuve par l'économie européenne depuis 1980 ».