La transformation des modes de vie et de l'espace domestique au Japon - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Actualités internationales Année : 1989

La transformation des modes de vie et de l'espace domestique au Japon

Résumé

La maison japonaise, ignorant souvent les contraintes climatiques, paraît plus sensible à des facteurs tels que la densité (1000 habitants / km2) produisant un habitat économe d'espace, multifonctionnel (cependant, le repas et le sommeil doivent être pris dans des pièces séparées). La construction en bois, guère durable, est corrélative d'une représentation de la maison : fragile et éphémère comme la vie humaine, fugitive comme l'écume des flots. Mais, aussi coûteuse qu'une construction maçonnée, c'est un investissement considérable. On privilégie les valeurs symbolique et esthétique par rapport au confort : les maisons populaires sont fréquemment belles, soignées, mais peu confortables.
Les maisons japonaises traditionnelles répondaient à une typologie sociale de castes et non géographique : les samuraï, les paysans, les artisans et les commerçants. Avec la disparition des règlements féodaux, tous ont recherché une maison de type pavillonnaire, que seuls les samuraï pouvaient habiter auparavant. Elles représentent à peu près 65% des logements : la ville s'est étendue d'autant. La création d'un nouveau type de maison de ville à haute densité est devenue, avec l'urgence d'une politique foncière, une des questions les plus importantes au Japon. L'immeuble collectif de style moderne représentent aujourd'hui 35% des habitations. Son augmentation est prévisible dans les grandes villes en raison du manque de terrains, bien qu'il soit toujours considéré comme un logement provisoire.
Les japonais ressentent les effets de la modernisation, dont ils sont par ailleurs les champions, et celle du logement en particulier comme une "occidentalisation" qui leur serait imposée et contre laquelle ils cherchent à se défendre. La transformation des manières d'habiter a été extrêmement rapide et remarquable depuis Meiji. L'amélioration de la condition féminine a fait émerger la cuisine dans la partie plus publique de l'habitation, sous la forme de la "cuisine-salle à manger" ("daïnikitchin"). La salle de séjour a subi moins de transformations. Depuis la fin de la guerre, les maisons neuves comportent souvent une pièce pour chacun (alors que le couchage collectif était la règle traditionnelle). Il n'est plus nécessaire alors de faire disparaître la literie, et les jeunes couchent aujourd'hui sur un lit fixe, mais ils sont encore minoritaires. Beaucoup de maison nouvelles n'ont ainsi plus qu'une seule pièce de "tatami", qui sert à l'accueil des visiteurs. Avec son caractère traditionnel, c'est une pièce d'apparat et de cérémonie, précisément la plus valorisée. En fait, les modes d'habiter purement "occidentalisé" ou "traditionnel" n'ont pas ou plus de réalité, et il faut voir au contraire dans la coexistence des styles le résultat d'un effort pour résoudre "désordre" et "décalage" (absence de contrôle ou anomie des styles de vie), deux problèmes spécifiquement japonais et durement ressentis.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00162616 , version 1 (14-07-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00162616 , version 1

Citer

Philippe Bonnin, Fujio Adachi. La transformation des modes de vie et de l'espace domestique au Japon. Actualités internationales, 1989, 8, pp.60-68. ⟨halshs-00162616⟩
381 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More