"Authenticité" et reconstruction de la mémoire dans l'architecture monumentale japonaise
Résumé
The first influences of Western architecture in Japan were first brought on during the modernizing period of Meiji and can be seen in various buildings dating from around 1885. The result was a formal imitation of western forms without any understanding of the western architectural theories underlying these building. Since the 17th century it was the norm in Japan to publish technical treatise on carpentry hence it stayed the same even after Meiji. The first theoretical work on Japanese architecture was written by ITO Chuta followed later by a history of Japanese architecture by OTA Hirotaro.
As an example, we used the imperial palace of Kyoto to show how a monument is considered in Japan: it doesn't have to be associated with its original location, its official dating or even its original function. The moving, reconstructing and copying of monuments throughout time was common place. The epitome of these tribulations is the Heian-jingu which is thought to date from the Heian period but was really constructed a century ago. But this is not so unusual since even today's manuals on the history of Japanese architecture present such buildings as the Ise-Jingu as representative of the most ancient times, but in actuality is reconstructed every 20 years, supposedly since the beginning of times.
In the end, our study reveals that there is a distinct Japanese way of considering a monument:
The actual imagery of the imperial palace of Kyoto, spreading throughout the city, composes a sort of mental landscape that hovers above the city, the time periods and all other places. This mental landscape revives the past using the spirit of original architectural models and can sometimes be seen in recent constructions reminiscent of more ancient architectural forms.
As an example, we used the imperial palace of Kyoto to show how a monument is considered in Japan: it doesn't have to be associated with its original location, its official dating or even its original function. The moving, reconstructing and copying of monuments throughout time was common place. The epitome of these tribulations is the Heian-jingu which is thought to date from the Heian period but was really constructed a century ago. But this is not so unusual since even today's manuals on the history of Japanese architecture present such buildings as the Ise-Jingu as representative of the most ancient times, but in actuality is reconstructed every 20 years, supposedly since the beginning of times.
In the end, our study reveals that there is a distinct Japanese way of considering a monument:
The actual imagery of the imperial palace of Kyoto, spreading throughout the city, composes a sort of mental landscape that hovers above the city, the time periods and all other places. This mental landscape revives the past using the spirit of original architectural models and can sometimes be seen in recent constructions reminiscent of more ancient architectural forms.
Les premières confrontations de l'architecture japonaise avec l'architecture occidentale, sous la volonté de modernisation de Meiji, se résolvent dans une imitation formelle, que révèlent les réalisations architecturales aux alentours de 1885, sans que les notions occidentales soient adoptées. La tradition de publication des traités pratiques de charpenterie domine depuis le XVIIe siècle et se poursuit. Il faudra attendre ITÔ Chûta pour voir paraître un premier traité théorique d'architecture au Japon, et puis ÔTA Hirotarô pour une véritable histoire.
Le Palais Impérial de Kyôto nous permet ici de montrer comment la notion japonaise de monument s'affranchit des contraintes de lieu, de datation, et même de fonction. Les déplacements, reconstructions, restitutions et copies plus ou moins fidèles sont le lot commun, et trouvent leur apogée dans l'invention, il y a un siècle, du Heian-jingu, qui est vu comme un monument de l'époque Heian. Le fait est courant, puisque les manuels d'architecture présentent les bâtiments d'Ise-jingu, reconstruits tous les 20 ans, depuis toujours selon la légende, comme représentatifs des périodes les plus anciennes.
En définitive, l'étude révèle que la notion japonaise de monument est singulièrement différente : ses images réelles créent une sorte de paysage mental du Palais Impérial qui surplombe le paysage réel de la ville de Kyôto, planant au-dessus des époques et des lieux, renouant avec le modèle originel dans son esprit, que porte sa forme, fut-ce par l'image d'un bâtiment plus récent.
Le Palais Impérial de Kyôto nous permet ici de montrer comment la notion japonaise de monument s'affranchit des contraintes de lieu, de datation, et même de fonction. Les déplacements, reconstructions, restitutions et copies plus ou moins fidèles sont le lot commun, et trouvent leur apogée dans l'invention, il y a un siècle, du Heian-jingu, qui est vu comme un monument de l'époque Heian. Le fait est courant, puisque les manuels d'architecture présentent les bâtiments d'Ise-jingu, reconstruits tous les 20 ans, depuis toujours selon la légende, comme représentatifs des périodes les plus anciennes.
En définitive, l'étude révèle que la notion japonaise de monument est singulièrement différente : ses images réelles créent une sorte de paysage mental du Palais Impérial qui surplombe le paysage réel de la ville de Kyôto, planant au-dessus des époques et des lieux, renouant avec le modèle originel dans son esprit, que porte sa forme, fut-ce par l'image d'un bâtiment plus récent.