Les interactions entre acteurs, conflits et appropriations comme vecteurs de patrimonialisation dans la longue durée : le cas du Parc de la Caffarella à Rome - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2011

Les interactions entre acteurs, conflits et appropriations comme vecteurs de patrimonialisation dans la longue durée : le cas du Parc de la Caffarella à Rome

Résumé

En matière de patrimonialisation des espaces naturels, l’Italie est un cas intéressant car les protections environnementales actuelles y sont largement issues de préoccupations et législations cherchant dès le milieu du 19ème siècle à mettre en place des protections patrimoniales. Pour comprendre la généalogie de ces protections environnementales et leur lien avec les questions patrimoniales, nous nous sommes intéressés au parc de la vallée de la Caffarella à Rome. D’une surface de 200 hectares, il constitue le prolongement, en milieu urbain, d’un parc naturel régional de 3400 ha, le parc de l’Appia Antica, marqué par la présence d’une importante voie romaine ouverte de 312 à 190 av JC pour relier Rome à Brindisi. Cette vallée est particulièrement intéressante si l’on cherche à comprendre comment les processus de patrimonialisation s’élaborent dans la durée, car elle est l’objet, dès la première moitié du 19ème siècle, de mobilisations visant à protéger le patrimoine antique apprécié dès le 16ème siècle par les promeneurs du « Grand tour ». A ces premières mobilisations « savantes » succèderont, au 20ème siècle, d’autres actions visant à éviter que le site ne soit urbanisé, menées par des associations (telles Italia nostra) et par des comités d’habitants, encore très actifs aujourd’hui. Ces comités jouent un rôle de médiation, ainsi que dans l’appropriation du site par la pratique. Les membres du comité de la Caffarella estiment ainsi que le fait d’avoir emmené régulièrement des enfants sur le site (promenades pédagogiques, plantations…) a complètement changé le regard de ces jeunes générations . Les plus anciens d’entre eux ont désormais vingt ans et se sont appropriés le lieu, qui est devenu pour eux un patrimoine vivant, dont ils se sentent responsable. Le contexte institutionnel est ici essentiel, car dans la protection du site se jouent aussi, au 19ème siècle, des relations de pouvoir entre propriétaires fonciers (avec leurs velléités de lotissement) ; Ville de Rome (au conseil municipal de laquelle siègent, hors des parenthèses de gouvernement municipal de gauche, ces mêmes propriétaires fonciers) et Etat italien (soutenant la protection du patrimoine antique présent sur le site et cherchant à inciter à son assainissement). Plus récemment, la Région Lazio deviendra un acteur central, que les comités d’habitants sauront mobiliser pour étendre les protections, les Régions italiennes étant, depuis 1991, compétentes pour la création d’« aires naturelles d’intérêt régional ou local » sur lesquelles elles élaborent un plan réglant l’occupation des sols. Nous montrons dans notre communication que ces interactions, luttes, conflits et dispositifs d’appropriation sont la matière même de la préservation du site et de sa patrimonialisation dans la durée. C’est parce que toutes sortes d’acteurs différents considèrent le site comme leur appartenant –même si ce n’est pas véritablement le cas du strict point de vue du foncier– que des politiques de préservation peuvent être mises en place. Ainsi, les lotissements réalisés dans les années 1930 aux abords de ce qui deviendra ensuite un parc, accueillent-ils des habitants qui désormais se battront pour leurs « droit civiques », parmi lesquels le « droit au vert » ; ainsi les velléités de lotissement des compagnies immobilières cristalliseront-elles des oppositions jusqu’alors éparpillées ; ainsi l’impératif environnemental sera-t-il saisi comme une nouvelle opportunité de s’approprier localement des espaces, parfois privés, parfois publics, mais considérés dans tous les cas comme d’autant plus collectifs que leurs impacts environnementaux s’évaluent désormais à des échelles très larges.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01115940 , version 1 (12-02-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01115940 , version 1

Citer

Agnes Sander, Pascale Philifert, Daniela Festa, Frédéric Dufaux, Claire Carriou, et al.. Les interactions entre acteurs, conflits et appropriations comme vecteurs de patrimonialisation dans la longue durée : le cas du Parc de la Caffarella à Rome. Patrimonialiser la nature : valeurs et processus, Sep 2011, Pau, France. ⟨halshs-01115940⟩
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