L’autisme, trouble envahissant du développement, perturbe plusieurs aspects du développement de l’enfant tels que les interactions sociales et le langage. Ce dernier présente d’ailleurs un ensemble de particularités : écholalies, inversions pronominales, troubles pragmatiques, anomalies du rythme, de l’intonation et de l’intensité de la voix (Tager-Flusberg, 1994 ; Tager-Flusberg et al, 2005 ; Courtois-Du-Passage & Galloux, 2004). Les spécificités du langage de l’enfant autiste après trois ans ont été largement décrites. En revanche, peu d’études se sont intéressées au développement vocal précoce de ces enfants en raison, notamment, de la variabilité dans la sévérité du syndrome. A travers cet article, nous proposons de contribuer à l’étude des caractéristiques du prélangage de l’enfant autiste. A l’instar de Oller (1994, 1999, 2010), Vinter (1995, 2005) et Sheinkopf et al (2000), nous considérons que les particularités vocales précoces des enfants autistes aux niveaux syllabique et prosodique pourraient être considérées comme des signes avant-coureurs de la perturbation profonde du langage. Ce sont précisément les atypies qui sont examinées dans la description du babillage de l’enfant autiste étudié. A travers des analyses qualitatives de la forme des productions vocales de cet enfant, nous montrerons que : 1°) Les constructions de son babillage sont différentes de celles des enfants tout-venant. Les dysfonctionnements précoces expliqueraient alors le trouble massif ultérieur ; 2°) Le prélangage de cet enfant ne s’adapte pas à la situation de communication, alors que cet ajustement représente l’une des conditions d’entrée dans le langage (Konopczynski, 1991, 1995). Nous supposons à l’issue de cet article que c’est parce que les bases du langage sont fortement perturbées que celui-ci ne peut émerger.