La crise économique : on nous en dit trop ou pas assez? - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

La crise économique : on nous en dit trop ou pas assez?

Loredana Ruccella
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 927752

Résumé

Notre recherche trouve sa raison d’être au cours de l’été 2007 lorsque le marché américain des prêts immobiliers s’effondre en engendrant une crise très violente qui, en l’espace de quelques mois, s’étend au monde entier. Au fil des mois, les informations circulent et la crise prend une forme bien précise : celle de l’opportunité du changement et de l’occasion pour réglementer les marchés. En même temps, les causes de la crise s’éclaircissent et nous découvrons la « complexité » des produits financiers. Pendant que les contours de la crise se délimitent et que ses causes s’éclairent, ses conséquences commencent à être annoncées : la crise est une opportunité, c’est vrai, mais n’oublions pas qu’elle est aussi une « tragédie » qui pourrait déterminer « l’arrêt de l’ensemble de l’économie ». Face à cette éventualité, personne n’oserait remettre en discussion ni la mobilisation sans précédent de la part des États et des Banques Centrales, ni la « nécessité» d’accepter certains sacrifices, tantôt sous forme d’« incitation fiscale », de « plan d’adaptation » ou de « dommage collatéral sur les salariés», tantôt sous forme de « contrats atypiques » ou de « flexibilité ». Confrontés à ces faits et inondés par une avalanche de mots identiques, de discours uniformes, de solutions uniques partagées par tout le monde, nous avons essayé de lire entre les lignes, d’analyser, de filtrer et d’interpréter l’information qui nous parvenait. C’est ainsi que nous nous proposons, à présent, d’examiner de quelle manière le processus de vulgarisation de la crise économique a été développé par les quotidiens analysés . Pour ce faire, nous prêterons attention, d’une part, aux procédés hyperboliques employés afin de « dire plus » ou « suggérer plus » et, d’autre part, aux procédés euphémiques, employés pour « dire moins » ou « non dire ». Nous mettrons ainsi en avant le rôle de l’implicite dans l’analyse du discours de la presse et, par ricochet, l’importance du travail interprétatif du locuteur. Nous émettrons ici des hypothèses interprétatives nous permettant, d’une part, de reconnaître – grâce à la transgression avec son environnement cotextuel et contextuel – une hyperbole ou un euphémisme en tant que tel et, d’autre part, d’en reconstruire le sens implicite (sens du discours). Il s’agit donc, si l’on reprend les mots de Patrick Charaudeau, de reconnaître, d’une part, « le sens des mots qui résulte d’une catégorisation sémantico-linguistique, reconnaître les “instructions de sens” ou “molécules sémiques” les plus probables (il s’agit ici en effet d’un calcul de probabilité) qui s’attachent aux mots, et dont la cohésion contextuelle devra permettre de reconnaître les opérations d’identification, de qualification, etc. qui ont présidé à la construction du sens de langue du monde signifié par le sujet communiquant. Ce processus d’ordre catégoriel qui aboutit à la reconnaissance du sens de langue peut s’appeler “compréhension” »[ ]. Et, d’autre part, de « reconnaître le sens qui résulte d’une catégorisation sémantico-discursive, c’est-à-dire (re)construire le sens indirect, implicite le plus vraisemblable (on est ici en effet dans un calcul de plausibilité) en fonction des mises en relation (intertextualité) qui peuvent être faites entre les séquences du texte porteuses de sens de langue et d’autres séquences se trouvant dans le cotexte.»[ ]. Cette analyse nous permettra d’émettre l’hypothèse que la presse analysée diffuse un type de discours homogène, unique et standardisé se caractérisant par le recours à certaines techniques discursives – notamment l’hyperbole et l’euphémisme – permettant de soutenir le modèle économique néolibéral et d’orienter le lecteur vers une perception de la réalité économique façonnée à l’image de celui-ci.

Domaines

Linguistique
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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Dates et versions

halshs-01163828 , version 1 (19-06-2015)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01163828 , version 1

Citer

Loredana Ruccella. La crise économique : on nous en dit trop ou pas assez?. Le dit et le non-dit, Jun 2015, Bucarest, Roumanie. ⟨halshs-01163828⟩
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