La justice de l'après-conflit politique : justice pour les victimes, justice sans tiers ? - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Négociations Année : 2015

La justice de l'après-conflit politique : justice pour les victimes, justice sans tiers ?

Résumé

Post-civil war justice processes are quite controversial. Some think that transitional justice is a political justice led by the perpetrators. These observers request the intervention of an impartial third party, the defense of the accused as well as the protection of the victim. Many others welcome a new restorative justice that is deemed to give a central role to the victims, to promote the healing of people and the reconstruction of war-torn societies. Civil conflicts undoubtedly turn standard judicial practices upside down. Often, criminal offenses cannot be qualified as such under the criminal code, perpetrators cannot be prosecuted and victims face suspicion. But ad hoc transitional justice institutions should be approached from a more nuanced, empirically grounded position. They are evidently political, but are neither handled by the perpetrators or victims, nor governed by their traumatic emotions. Transitional justice welcomes victims but simultaneously imposes constraints on them. Victims can often express themselves, for example through truth commission hearings, but must speak a consensual, apolitical, language. Many third parties interfere in the so-called duel or dialogue between perpetrators and victims.
La justice mise en place aux lendemains des conflits civils suscite des inquiétudes ou des enthou-siasmes. Les uns voient dans cette justice dite transitionnelle, une justice politique. Ils plaident en faveur du retour d'un tiers désintéressé susceptible d'équilibrer le processus judiciaire, pour pro-téger l'accusé ou la victime. Les autres, nombreux aujourd'hui, y voient des efforts pour faire une place centrale aux victimes, en promouvant la réparation et la reconstruction des personnes et des sociétés. Les conflits civils bousculent il est vrai les termes habituels de la justice : les crimes ne peuvent parfois être qualifiés comme tels, les criminels politiques peuvent rarement être pour-suivis, les victimes apparaissent à beaucoup suspectes. Mais les institutions créées répondent rarement aux attentes ou aux craintes exprimées d'un « pas de deux » mené par les victimes – au rythme de leurs émotions. Elles font en effet peser sur elles l'obligation d'une préservation de l'ordre social et politique juste instauré ; les victimes peuvent parler mais ne peuvent pas dire tout ce qu'elles voudraient dire. Elles refusent en outre parfois d'entrer dans une justice du dialogue avec le criminel et de l'émotion. Le pas de deux fait une place aux tiers.
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halshs-01524742 , version 1 (18-05-2017)

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Sandrine Lefranc. La justice de l'après-conflit politique : justice pour les victimes, justice sans tiers ?. Négociations, 2015, ⟨10.3917/neg.024.0101⟩. ⟨halshs-01524742⟩
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