"Danse et genre : épistémologie d'un espace de recherche" constitue un mémoire de synthèse qui vise à tracer les contours d'un champ de recherches articulant études de genre et études en danse. L'objectif est de dégager un certain nombre d'éléments spécifiant cet espace encore peu développé en France, de poser des bases, ou du moins des jalons, afin de le baliser et de dégager des perspectives à poursuivre, également de faire une double généalogie des démarches et des études ayant abouti à sa constitution. Au-delà de ces objectifs, il y a l'enjeu d'en démontrer l'importance scientifique, notamment aux actrices et acteurs des deux pôles, et de sortir d'une méconnaissance réciproque. Le mémoire comporte quatre chapitres. 1. "Introduction et cadres généraux" présente le concept de genre et la position théorique où je me situe, l' "objet" danse – en se gardant bien de le définir – et quelques aspects spécifiques des études en danse, avant de tenter de cerner un champ méthodologique défini, non pas a priori, mais construit de façon pragmatique au fil du parcours et focalisé sur une pratique de l'inter et de la trans -disciplinarité, justifiée par la double complexité des objets et des problématiques posées, mais résultant aussi d'un choix et d'une expérience personnelle de la recherche. 2. Partout et depuis presque toujours, la danse est une activité et un art marqués par le genre, au point qu'il n'est guère possible de l'étudier d'un point de vue historique ou anthropologique sans introduire cette dimension qui structure ses pratiques. Le deuxième chapitre, "Danse et genre, croisements féconds", présente trois perspectives pour envisager les liens entre danse et genre. La première et la plus fondamentale a trait à la façon dont le genre travaille les matières de la danse et dont, réciproquement, ces matières travaillent le genre, que ce soit pour participer à sa stabilité et à sa légitimité ou, à l'inverse, en perturbant ses processus et en s'y opposant. La deuxième perspective, sous un angle plus sociologique, présente quelques effets du genre dans le secteur chorégraphique en France, à l'heure actuelle. Enfin, découlant de ce qui précède, la troisième évoque les croisements possibles, souhaitables, entre recherches en danse et recherches en genre. 3. Le chapitre "Questionnements croisés dans les pratiques et les savoirs - Contextes anglo-saxon et français" permet d'esquisser une généalogie de l'espace constitué, en s'intéressant à la façon dont les questions féministes et de genre ont pénétré le champ des pratiques et celui des recherches en danse, et réciproquement à celle dont la danse a – ou n'a pas – investi le champ des pratiques comme des recherches féministes. Une telle étude ne peut manquer de s'intéresser aux différences culturelles entre la France et les pays anglo-saxons. 4. Enfin, "La catégorisation féminine de la danse, paradigme du genre", est un chapitre consacré à une question fondamentale et préalable à toute autre recherche, celle de la représentation symbolique de la danse comme féminine, représentation qui biaise une grande partie des approches et pèse lourdement, tant sur le secteur des pratiques chorégraphiques que sur la recherche. Il s'agit de s'interroger sur les sources de cette catégorisation analysée comme paradigmatique des mécanismes de catégorisation de genre, induite par des processus de hiérarchisation, d'exclusion et de constitution d'une altérité au modèle masculin.