Of cassocks and men. Gendered subjection and politics of masculinity within the French Catholic clergy since the 1980s
Des soutanes et des hommes. Subjectivation genrée et politiques de la masculinité au sein du clergé catholique français depuis les années 1980
Résumé
At the crossroads of political sociology of Catholicism and gender studies, this thesis interrogates the downgrading of the figure of the Catholic priest in the space of masculinities within Western societies, that is to say In a context of the Catholic Church’s sharply decreasing authority and sexual democratization which increase it.
The thesis first analyzes the effects of a symbolic disqualification of priestly masculinity in social representations, a disqualification that simultaneously unsettles a hitherto well-kept institutional secret: that of the over-representation of homosexuals in the clergy and the clerical institution's function as a "closet". Yet, far from being a deterrent, the Vatican's aggressive discourse against homosexuality has had the paradoxical effect of attracting even more homosexual candidates to the priesthood, while the vocation had largely been deserted by heterosexuals after having been deserted by the working classes. Hence the idea that we have witnessed since the 1980s, without always knowing it, a "great criss-crossing of sexualities at the doors of the sacristies". However invisible, even to those concerned, the social function of the clerical body as a refuge for non-heterosexual people has become transparent to itself from the 1990s onwards in societies that gave up imposing the closet on the "otherwise sexualized" (the LGBTQI).
The thesis then analyzes the efforts of the Catholic apparatus to counter this disqualification through the implementation of policies of masculinity. Gender and sexuality then appear for what they are: places of expression of power within the institution, a field of struggles to maintain the institution's position within society and, finally, the object of policies implemented by its agents to maintain their position to the Church and the commitment of the believers.
In conclusion, the thesis asserts that the obsession with masculinity for a priesthood that continues to exclude women has led the Catholic Church, in the same movement, to make homosexuality an essential problem and to overlook what, outside the Church, has appeared, in the era of sexual democracy, to be the real issue: not only homophobia, but also sexist and sexual violence.
A la croisée d’une sociologie politique du catholicisme et des études de genre, cette thèse interroge le déclassement de la figure du prêtre catholique dans l’espace des masculinités au sein des sociétés occidentales, soit dans un contexte de perte d’emprise de l’Eglise catholique et de démocratisation sexuelle qui la redouble.
La thèse analyse d’abord les effets d’une disqualification symbolique de la masculinité sacerdotale dans les représentations sociales, disqualification qui vient percuter un secret institutionnel bien gardé jusque-là : celui de la surreprésentation homosexuelle dans le clergé et de la fonction de « placard » qu’avait l’institution cléricale. Or, loin que le discours agressif du Vatican contre l’homosexualité soit dissuasif, il a pour effet paradoxal d’attirer encore plus les candidats homosexuels au sacerdoce, alors même que la vocation a largement été désertée par les hétérosexuels après l’avoir été par les classes populaires. D’où l’idée qu’on a assisté à partir des années 1980, sans toujours le savoir, au « grand chassé-croisé des sexualités aux portes des sacristies ». Mais invisible, y compris aux yeux des intéressés, cette fonction sociale du corps clérical comme refuge pour les personnes non-hétérosexuelles devient transparente à elle-même à partir à partir des années 1990, dans des sociétés qui renoncent à imposer le placard aux « autrement sexualisées » (les LGBTQI).
La thèse analyse ensuite les efforts de l’appareil catholique pour contrer cette disqualification à travers la mise en œuvre de politiques de la masculinité. Le genre et la sexualité apparaissent alors pour ce qu’ils sont : des lieux d’expression du pouvoir au sein de l’institution, un champ de luttes pour maintenir la position de l’institution au sein de la société et, enfin, l’objet de politiques mises en œuvre par ses agents pour maintenir leur position et l’engagement des fidèles à leurs côtés.
En conclusion, la thèse affirme que l’obsession de la masculinité pour un sacerdoce qui continue d’exclure les femmes amène l’Église catholique, dans un même mouvement, à constituer l’homosexualité en un problème essentiel et à passer à côté de ce qui, hors de l’Église, apparaît, à l’heure de la démocratie sexuelle, comme le véritable enjeu : non seulement l’homophobie, mais aussi les violences sexistes et sexuelles.
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