Usages des espaces récréatifs : quand l'enfant questionne les normes de production de l'espace public. Le cas du quartier Villette à Aubervilliers (93) et de la Grande Borne à Grigny (91) - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2018

The use of recreational spaces: when children question the production standards of public spaces. The case of Villette district in Aubervilliers (93) and the Grande Borne in Grigny (91)

Usages des espaces récréatifs : quand l'enfant questionne les normes de production de l'espace public. Le cas du quartier Villette à Aubervilliers (93) et de la Grande Borne à Grigny (91)

Résumé

This thesis aims to question the differences between the way in which recreational public spaces are designed and how they are ultimately used by children. The central hypothesis of this study is that the gap in design and use is the result of a normalization process, whereby the recreational city essentially becomes merely another ‘field’ to satisfy regulations. To validate this hypothesis, I study the public space design process and observe how the spaces, both formal (public gardens, playgrounds) and informal (bottom of the building, pavements, abandoned urban places), are ultimately used by children. As children are developing their social and psychomotor skills, they are particularly interesting individuals through which to analyze deviations from the norm. In order to understand the practices of the participating children, an observation participant was conducted at two children's leisure centers situated in the Ile-de-France Region: the district Villette-Quatre-Chemins in Aubervilliers (93) and the Grande Borne in Grigny (91). In all, forty-six children participated through mind maps, commented strolls equipped with cameras, using aerial views, as well as individual and group interviews. The reported speeches were confronted with acts by sessions of floating observation in the studied spaces. In order to identify the urban project design process, twenty-one semi-directives interviews were undertaken with project owners (designers and administrators). In addition, an archival survey highlighting the evolution of the projects was also conducted. The survey conducted in Villette-Quatre-Chemins in Aubervilliers, reveals that the transgressive practices of children are a result of unmet needs. Far from being organized in opposition to the current rules, the children assume control of the functional logic and segmentation of the public spaces, enacting a dialogue in accordance to logic and social control. The practices developed therefore constitute a modality of participation in situ in urban planning, which relies on commonly shared rules. However, designers struggle to recognize this silent but active means of expression, revealing one reason for the gap between how and why the space was designed and the way in which it is used. The district of the Grande Borne, an iconic representation of 1970’s design dedicated to the child, composed of public spaces with accessible works of art. Is it the use which has evolved or the representations of the public square and their associated use? This leads us to analyze the process of project management, which highlights a conflict between managers and designers, concerning issues of heritage and standardization. The redevelopment also provides information on educational issues in the recreational city. The results of this research underlines that far from being anomic, a child’s use of a space is influenced by a dialectic with the norms that are in force. The usage gap, perceived as transgressive by the designers and the administrators, constitutes, in reality, an appropriation and a redeployment of the norm. The principles of normalization of play areas, under the guise of safety for everyone, is the over-infantilization of the child. The logic of repositioning the playground in the public space is then more an update of the mechanism of social control than attention to the needs of the child.
Cette thèse vise à interroger les motifs des écarts d’usages au sein des espaces publics récréatifs, mettant en tension les modalités de conception et de gestion du projet face à l’appropriation qu’en font les enfants. L’hypothèse centrale de cette recherche est, que cet écart relève d’un processus de normalisation des usages des espaces publics où la ville récréative ne constituerait qu’un nouveau dispositif d’encadrement des pratiques de conception, de gestion et d’usages. Pour valider cette hypothèse, je m’appuie sur l’étude des processus de conception des espaces ludiques et sur l’observation de leurs pratiques par l’enfant, qu’il s’agisse d’espaces formels (squares, aires de jeux) ou informels (pieds d’immeubles, trottoirs, délaissés urbains). Usager en cours d’apprentissage des codes en vigueur dont le développement psychomoteur se réalise aussi par la transgression des règles, l’enfant constitue un individu particulièrement intéressant pour analyser les questions d’écarts à la norme. Afin d’identifier ses pratiques, une enquête par observation participante a été menée au sein de centres de loisirs situés en région Île de France : le quartier Villette à Aubervilliers (93) et la Grande Borne à Grigny (91). En tout, ce sont quarante-six enfants qui ont été entretenus au travers de cartes mentales, de parcours commentés outillés d’appareils photographiques, d’images aériennes, d’entretiens individuels et collectifs. Les propos recueillis ont été confrontés aux pratiques dans le cadre d’une observation flottante. En vue d’identifier les modalités de conception du projet, vingt-et-un entretiens semi-directifs auprès de concepteurs et de gestionnaires relevant de la maîtrise d’ouvrage publique ont été réalisés. En complément, une enquête archivistique présentant les évolutions des sites étudiés a été menée. L’enquête sur le quartier Villette-Quatre-Chemins révèle que les pratiques transgressives des enfants répondent à des besoins non satisfaits. Loin de s’organiser en opposition avec les règles en vigueur, les enfants reprennent à leur compte les logiques de fonctionnalisation des lieux, de segmentation et de mise en dialogue des espaces ludiques selon une logique de parcours, mais aussi de contrôle social. Les pratiques développées constituent ainsi une modalité de participation in situ à l’aménagement urbain s’appuyant sur des règles d’usage communément partagées. Néanmoins, les concepteurs peinent à lire cette parole silencieuse mais active, mettant en lumière une des raisons de l’écart entre l’espace conçu et vécu. La Grande Borne, grand ensemble emblématique des opérations conçues dans les années 1970 en France, mettant au centre du projet l’enfant, a pour espace public ludique des œuvres d’art accessibles. La rénovation en cours mène à leur normalisation. Il s’agit alors de comprendre les motifs de celle-ci. Est-ce que ce sont les usages ou les représentations des espaces historiques de jeux qui ont évolué ? Cette question amène à analyser le processus de réalisation de projet. Il met en évidence un conflit entre gestionnaires et concepteurs autour des enjeux de patrimonialisation et de normalisation. La rénovation réalisée renseigne alors sur les enjeux éducatifs de la ville récréative. Les résultats de cette recherche soulignent que, loin d’être anomiques, les pratiques de l’espace par l’enfant s’organisent dans un rapport dialectique avec les normes en vigueur. L’écart d’usages, perçu comme transgressif par les concepteurs et les gestionnaires, est en réalité une appropriation et un redéploiement de la norme. Les principes de normalisation des espaces de jeux, sous le couvert d’une sécurisation de tout un chacun, relèvent d’une sur-infantilisation de l’enfant. Les logiques de repositionnement du jeu dans l’espace public constituent alors davantage une actualisation des mécanismes de contrôle social qu’une attention à l’égard de l’enfant.
Fichier non déposé

Dates et versions

tel-03100434 , version 1 (06-01-2021)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03100434 , version 1

Citer

Fanny Delaunay. Usages des espaces récréatifs : quand l'enfant questionne les normes de production de l'espace public. Le cas du quartier Villette à Aubervilliers (93) et de la Grande Borne à Grigny (91). Architecture, aménagement de l'espace. Université Paris Est, 2018. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-03100434⟩
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