Solitudes habitées. Le chant, le souvenir et le conflit chez les Amhara du Goggam (Éthiopie) - Université Paris Nanterre
Thèse Année : 2012

A voice-filled solitude: song, memories and conflict among the Amhara of Goğğam (Ethiopia)

Solitudes habitées. Le chant, le souvenir et le conflit chez les Amhara du Goggam (Éthiopie)

Résumé

Cette thèse porte sur une pratique de la musique en solitude dans une société paysanne du nord de l'Éthiopie. Dans cette solitude « viennent » des souvenirs précis et se nouent les intrigues de la vie sociale, entre attachements, conflits et violence : car le chant « pour soi » est toujours habité par la présence des autres. Elle interroge le lien entre la musique et la mémoire autobiographique en se plaçant dans la lignée des travaux qui, en anthropologie cognitive, envisagent la mémoire à la fois sous l'angle des contraintes cognitives et sous celui des significations culturelles. Une ethnographie intime et l'étude détaillée des interactions qui forment la matière des souvenirs mettent d'abord en lumière le rôle de la poésie chantée dans les relations interpersonnelles : puissant moyen de communication, elle permet de dire « juste », provoque des effets émotionnels irrésistibles et pousse à l'action. L'analyse des réactions d'auditeurs lors d'un cas limite révèle ensuite les attentes implicites qui sous-tendent leur écoute et suggère l'existence de schémas cognitifs et culturels correspondant à chacun des genres musico-poétiques. Par l'exploitation d'un questionnaire sont mis en évidence les noyaux d'inférences qui agissent sur la perception des sons et au-delà de celle-ci, sur l'interprétation des intentions des chanteurs. Enfin, l'analyse des échelles temporelles mobilisées au cours des performances permet de comprendre comment ces souvenirs s'intègrent dans le système de la mémoire autobiographique, s'organisent en récits et influencent de façon déterminante les points de vue des chanteurs sur leur propre histoire, sur leurs choix et sur leurs actions.
This thesis focuses on the practice of music in solitude in a peasant society of Northern Ethiopia. In this solitude, precise memories come to mind and intrigues of social life, made of affection, conflicts and violence, take their shape: songs « for oneself » are always filled with the presence of others. The thesis questions the relationship between music and autobiographical memory and draws on research in cognitive anthropology which considers memory both in terms of cognitive constrains and cultural meanings. First, an intimate form of ethnography and the detailed study of the interactions at the source of these memories show the crucial role of sung poetry in interpersonal relationships: as a powerful means of communication, it allows oneself to tell « right », provokes irresistible emotional effects and pushes for action. The analysis of audience reaction during the course of a limit case then exposes the implicit expectancies underlying the act of listening and suggests the existence of cognitive and cultural schemas each corresponding to a different musical genre. The use of a questionnaire highlights the bundles of inferences that influence sound perception, but also the interpretation of the singers' intentions. Finally, an analysis of the temporal scales mobilized in the course of performances shows how these musical memories fit into the system of autobiographical memory, are organized as narratives and greatly influence the singers' own point of views on their personal stories, their choices and their actions
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Dates et versions

tel-03592913 , version 1 (01-03-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03592913 , version 1

Citer

Katell Morand. Solitudes habitées. Le chant, le souvenir et le conflit chez les Amhara du Goggam (Éthiopie). Anthropologie sociale et ethnologie. Université Paris Nanterre, 2012. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-03592913⟩
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