Depuis le début des années 1980, des conflits, parfois violents, opposent les promoteurs du stockage géologique profond de nos déchets radioactifs les plus dangereux ou encore les « pro-nucléaires » et ses détracteurs, les « anti-nucléaires ». En effet, plus que la question des déchets radioactifs, c’est l’avenir de la filière nucléaire toute entière qui dépend de l’issue de ce processus décisionnel. Cette situation conflictuelle interroge la capacité de notre modèle actuel de prise de décision à dégager un compromis sur des projets caractérisés par de fortes incertitudes techniques et l’affrontement d’acteurs dotés de rationalités opposées. L’objectif de nos travaux est de démontrer que le modèle de décision technocratique mis en oeuvre sur ce type de projet n’est pas apte à dégager un tel compromis. La confrontation des stratégies ou systèmes de valeurs divergents n’intervenant qu’une fois la décision définitive prise par un groupe restreint d’experts, ce processus favorise les conflits et les blocages. L’intervention de cette confrontation à un stade plus précoce du processus décisionnel servirait à enrichir la décision et non plus à la bloquer et maximiserait ainsi la satisfaction de tous les acteurs ainsi que celui de la collectivité. Cette démonstration se fera grâce à l’analyse du processus de décision concernant le projet de centre de stockage géologique profond (Cigeo). Cette analyse permettra de déterminer l’issue de l’affrontement des différentes stratégies d’acteurs grâce à la théorie des jeux. Les éléments constitutifs du jeu (joueurs, stratégies, actions et paiements) seront déterminés par une étude de la presse écrite et seront articulés grâce à une grille de lecture proposée par François Perroux pour l’analyse des systèmes complexes : le modèle Régulation/équilibration.