Une homosexualité très naturelle
Résumé
Certains se souviennent peut-être de Z et Vielpunkt, deux manchots de Humboldt du zoo de Bremerhaven, en Allemagne. Ils ont défrayé la chronique, bien qu'à première vue, rien ne les distingue d'autres manchots : ils nagent, construisent leur nid, passent tout leur temps ensemble, se toilettent mutuellement, font des parades, s'accouplent, élèvent leur petit. Simplement, ce sont deux mâles. Une paire de manchots homosexuels. Après les avoir vus tenter de couver des pierres, les soigneurs du zoo leur ont donné un œuf dont les parents ne s'occupaient pas correctement. Les deux manchots se sont relayés pour couver cet œuf, puis se sont occupés du poussin après son éclosion, le nourrissant, le protégeant, bref se comportant, selon les soigneurs, « juste comme on l'attendrait d'un couple hétérosexuel ». L'appariement en couple avec un membre du même sexe n'est d'ailleurs pas rare chez les manchots : dans ce même zoo, on trouve trois couples de manchots mâles, tandis qu'au zoo de New York, un couple de manchots à jugulaire mâles, Roy et Silo, a également défrayé la chronique en élevant ensemble un jeune (là aussi, un œuf leur avait été donné par les soigneurs), puis en se séparant après six ans de vie de couple : après avoir été chassés de leur nid par des congénères plus agressifs, leur couple avait commencé à battre de l'aile, et Silo avait fini par quitter Roy pour une femelle du nom de Scrappy. Les couples de même sexe (il peut s'agir de deux mâles ou de deux femelles) s'observent dans la nature chez différentes espèces de manchots, mais aussi dans bien d'autres espèces. Des singes aux mouches drosophiles, en passant par les girafes, les chauves-souris, les épinoches ou les geckos, des comportements homosexuels ont été observés chez plus de… 470 espèces ; cette liste ne fait que s'allonger à mesure que de nouvelles espèces sont étudiées ou que les chercheurs s'intéressent à ce phénomène.
En effet, l'homosexualité chez les animaux a longtemps été sous-estimée. Bien qu'elle ait été observée depuis la Grèce antique, les scientifiques ont tendance à ignorer de telles observations, en les considérant comme « atypiques » ou en les qualifiant de « pseudocopulations » dès lors que deux animaux de même sexe sont concernés.