Transitions historiques
Résumé
"La dissection des « régimes d’historicité » par François Hartog en 2003 a amené celui-ci à considérer que le régime actuel relevait du « présentisme », au sein duquel « le présent tend à devenir à lui-même son propre et son seul horizon ». Ce constat semble condamner la notion même de transition historique, si attachée à une réflexion sur l’ordonnancement linéaire du temps social et psychologique. Pourtant, l’omniprésence du présent n’a pas éliminé la « transition », terme très usité aujourd’hui pour qualifier le rapport au temps. Celle-ci se définit d’abord comme un entre-deux qui permet de penser continuités et discontinuités d’une période à l’autre. Tant qu’elle n’a pas acquis une identité propre, elle apparaît aussi comme une tranche de temps sur laquelle pèse une suspicion d’inintelligibilité, voire comme un moment de crise. Mais le temps analysé dans ce volume est aussi subjectif. La question se pose alors de savoir si les acteurs d’une transition « objectivée » la perçoivent comme telle et comment ils manipulent à son propos les notions connexes d’héritage et de génération. Il y a en germe, dans l’usage quotidien de la transition, l’idée d’un dépassement possible du présent perpétuel. Ne revient-il pas aux historiens, anthropologues et archéologues de redonner du sens à l’articulation du passé, du présent et du futur, en suggérant par la réinterprétation de cette notion l’éventualité d’un possible du présent, comme il y a des « possibles du passé » selon l’expression de Reinhart Koselleck ?" (Source : 4e de couverture)