French 'Je t'aime' Revisited
"Je t'aime" revisité
Résumé
The French phrase "Je t’aime" is frequently to be found written on everyday items or used as a leitmotiv in commercial music. It is believed to be more or less translatable in all languages irrespective of context. This paper attempts to deal with the linguistic implications of these and other distinctive features that make "Je t’aime" such an unusual linguistic object. The first part is devoted to an attempt at translating "Je t’aime" in Japanese and Hungarian. It comes out that there exist at least three classes of interpretation, three ways of producing equivalent utterances based on a translation of the verb "aimer". The second part focuses on the French phrase per se; it examines some famous accounts of "Je t’aime" by Paul Valéry, Roland Barthes and Jean-Luc Marion and tries to grasp and emphasize their linguistic meaning. The results of the morphology and syntax-driven analysis in Part 1 prove also relevant without modification of the surface formal structure. As a conclusion, we propose three interpretative patterns with their own grammatical features and even pragmatic outcomes; the pseudo-universal motto of French "amour" is but one of them.
Au travers de la séquence française ‘je t’aime’, ce sont deux aspects de la variation linguistique qui seront abordés : la variation intralangue, puisque ‘je t’aime’ peut se prendre en plusieurs sens, voire à contre-sens (‘Je t’aime… moi non plus’) ; mais aussi une variation interlangues qui s’appréhende dans les tentatives de traduction. L’objectif du présent article est de montrer que ces deux variations, de manière inattendue, exploitent des procédés linguistiques parallèles.
Il se trouve que ‘je t’aime’, séquence baladeuse et, nous le verrons, amplement citée et commentée, se prête particulièrement bien à cette double investigation. Un bref relevé initial permettra d’attester l’existence en français d’une véritable formule qui se suffit à elle-même.
‘Je t’aime’, en sa qualité de formule, peut être envisagé comme unité de traduction de la même façon que des mots ou des phraséologismes. La deuxième partie de cet article est consacrée à un examen critique de deux tentatives de traduction. Tout d’abord en japonais où cette tentative se heurte à des pratiques culturelles notoirement peu propices à la transposition de notre déclaration d’amour occidentale ; puis en hongrois, sur les traces de l’analyse célèbre effectuée par Roland Barthes.
Les différences d’interprétation mises à jour s’avèreront pertinentes pour l’étude non contrastive du français ‘je t’aime’. Compte tenu de la prolifération récente des textes consacrés à l’amour (cf. le tour d’horizon procuré par Ogien 2014), les analyses de la formule ‘je t’aime’ sont légion, plus ou moins détaillées, et offrent des éclairages multiples. Les points de vue illustrés ici seront sémiotique (Roland Barthes à nouveau), linguistique et pragmatique (la critique par Estelle Moline de la théorie de Barthes), philosophique (Jean-Luc Marion) et littéraire (Paul Valéry).
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