Je me propose ici, non de sonder la question si vaste de scandale chez Sartre, mais de m’interroger sur une méthode favorite de son théâtre telle qu’elle ressort de sa conception de la liberté. En effet, ses pièces connurent un franc succès tout en faisant éclore de vrais scandales. Le théâtre semblerait le lieu privilégié pour décrire « la pluralité des consciences ». Ma démarche se fonde sur un constat : le scandale pousse à interroger la notion d’Autre et à repenser celle de communauté. Je commencerai par envisager ce qui dérange chez Sartre, je m’intéresserai ensuite aux liens privilégiés entre le théâtre et le scandale et conclurai sur le sens de ce dernier. Loin de témoigner d’un désir de destruction, de pure provocation ou d’abolition de la communication, le scandale manifeste la quête d’une communauté, une sortie de l’aveuglement qui nourrit la haine des autres. On passe d’un état d’indifférence à un état d’indignation, en rapport avec la notion du don : « l’indignation généreuse est serment de changer ».