Pendant longtemps, la loi est restée silencieuse sur les possibilités pour les femmes de suivre des études supérieures. Les premières étudiantes ont commencé en qualité d’auditrice libre, essentiellement en province. Les premières inscriptions officielles ont été localisées à la faculté des sciences de Lyon en 1863, puis à la faculté des sciences de Paris en 1867, en médecine en 1868, en littérature en 1871 et en pharmacie en 1893. S’agissant plus spécifiquement du droit, les données et les enquêtes sont rares. Comme l’explique Natalia Tikhonov Sigrist, le champ juridique est celui où « l’évolution de la présence féminine est la plus lente, et l’historiographie à ce sujet est quasiment inexistante. Les débouchés fort limités de la filière juridique rendent d’ailleurs ce cursus peu attractif : le barreau français ne s’ouvre aux femmes que le 1er décembre 1900, tandis que l’accès au notariat leur demeure fermé jusqu’en 1948. Seule une publication de Caroline Barrera, consacrée aux étudiants étrangers de la Faculté de droit de Toulouse, brosse le tableau des étudiantes en droit depuis la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1940. Elle contient un aperçu détaillé du public féminin de cette faculté, public certes peu nombreux mais très probablement représentatif des étudiantes en droit ailleurs en France »