L’intelligence de l’image comique, entre littérature et art
Résumé
Dans son Éloge de la folie, Érasme avait dès le 16ème siècle théorisé le pouvoir heuristique du rire. Quatre siècles plus tard, Arthur Koestler, dans Le Cri d’Archimède (1964), radicalisera cette conception en établissant une analogie rigoureuse entre la création artistique, l’invention scientifique et le rire – reposant tous les trois sur le même pouvoir d’association et d’intuition né des capacités imaginatives de l’esprit humain. La thèse dont les conséquences sont ici brièvement développées peut se résumer en deux propositions : 1 / depuis la tradition socratique, le rire, quelles que soient ses modalités, est l’instrument ou l’indice principal du libre exercice de l’intelligence humaine – donc de son pouvoir d’innovation. 2/ Formellement, le rire naît toujours d’une interférence d’éléments faisant image, qu’il s’agisse d’une image mentale ou d’une image effective. Cette communication part de l’anthropologie du rire et explorera les potentialités heuristiques de l’image comique, littéraire ou artistique. Dans une perspective plus historique, elle souligne la rupture épistémologique qu’a représentée, de ce point de vue, l’avènement de la « modernité » au XIXe siècle. Le rire naissant de l’incongruité, i.e. de l’intrusion du bizarre et du nouveau, elle conduit à s’interroger sur la relation, peut-être consubstantielle, entre l’intuition intellectuelle et ce que Baudelaire nomme, suggestivement, le « comique absolu ».