Progymnasmata et soft skills : les enjeux de la formation rhétorique pour les humanités
Abstract
Si, dans la réflexion sur les modèles de formation, les études consacrées à l'histoire des « humanités » se multiplient, elles tentent trop souvent d'expliquer leur fortune ou leur déclin sans prendre en compte la façon dont elles ont intégré la formation rhétorique. Or, il est difficile de comprendre la place des humanités dans l'enseignement supérieur indépendamment de la place qu'elles ont faite, elles, aux exercices rhétoriques. Bien plus, si l'enseignement supérieur est de plus en plus concurrentiel, une nouvelle étape de l'affrontement des modèles de formation est en train de se jouer à la faveur de la généralisation de l'approche par compétences et de la valorisation des soft skills. L'enjeu est majeur pour les humanités : soit elles refondent l'alliance entre les disciplines littéraires - au sens large - et la formation rhétorique, qui avait fait leur succès, et elles pourront s'imposer de nouveau comme une matrice de formation unique (dans ce premier scénario, le rôle des Progymnasmata est déterminant, tant ils constituent une formation globale et distinctive aux soft skills les plus recherchés) ; soit elles cèdent au repli disciplinaire et laissent les modèles de formation concurrents s'approprier leur héritage (en particulier les Progymnasmata) : ce serait une erreur historique, dont elles ne pourraient se relever.
La communication tentera de concilier les approches diachronique (histoire de l'association et de la dissociation entre humanités et rhétorique) et synchronique (état des lieux et enjeux dans l'enseignement supérieur au niveau mondial, avec un focus sur l'intérêt des Progymnasmata pour développer les soft skills).