Le Titre de la pièce: Numismatiques d' "Henry V"
Abstract
Henry V fait circuler librement monnaies réelles (écu), imaginaires ("moy"), ou issues du trafic des mots (souverain, couronne, noble, salut). L'onomastique y renvoie aux monnaies (Pistol, Montjoy) et au métal (LeFer). Les échanges monétaires s'y substituent à l’action militaire. Sur fond de numismatique, le texte s’emploie à déterminer la valeur royale, sa nature et ses signes et la légitimité du roi se cherche dans l’entre-deux entre la valeur intrinsèque du sang linéal et la valeur extrinsèque, "by tale", conférée par les signes du pouvoir. En bonne logique, c’est la métaphore numismatique qui prend le questionnement en charge, entre un Moyen Âge qui voudrait que la valeur nominale des pièces soit conforme à leur titre en métal fin, et une économie chrématistique qui sait que « la monnaie (et jusqu’au métal dont elle est faite) reçoit sa valeur de sa pure fonction de signe » (Foucault). Interroger les signes revient dans "Henry V" à interroger le signe monétaire, croisé dès le Prologue avec les signes linguistique et théâtral dont il partage le fonctionnement articulé sur la symbolisation et l’échange, invitant le spectateur à lire - aussi - le "Wooden O" comme un atelier monétaire.