Temps et aspect dans la compréhension de l’écrit chez des sourds signeurs en langue des signes française
Résumé
Le taux d’illettrisme estimé à 80% chez les sourds, d’après le rapport Gillot de 1998, est aujourd’hui sujet à discussion et se doit d’être actualisé. Cette affirmation, donnée sans ressource bibliographique à l’époque, semble d’autant plus discutable que la population des sourds présente des critères extrêmement hétérogènes ne permettant pas de telles généralités (degré de surdité, étiologie, type de surdité, comorbidité, mode de scolarisation, dimension linguistique etc.). Néanmoins, la réalité clinique et les recherches linguistiques nous amènent, chez certains profils, à nous interroger sur la compréhension de l’écrit chez les sourds, en particulier les sujets sourds profonds s’exprimant en langue des signes française (LSF). Dans le cadre de cette thèse, nous avons donc décidé de nous focaliser sur les adolescents de cette population. De plus, motivée par des données cognitives et linguistiques, nous avons pris le parti de ne pas évaluer le vaste champ de la lecture dans sa globalité mais de nous concentrer sur la compréhension du temps et de l’aspect. En effet, la privation sensorielle et son influence sur la structuration cognitive du temps (Vinter, 2000), ainsi que les analyses contrastives, montrant des différences fondamentales d’expression du temps et de l’aspect entre la LSF et la langue française (Maeder,1994), révèlent l’intérêt de sonder ces domaines et d’en mesurer l’impact sur la compréhension écrite de ces jeunes sourds.
Dans ce séminaire, après un cadrage théorique de la question et une présentation du terrain clinique, nous présenterons le premier jalon de la partie expérimentale de notre thèse : les différentes épreuves utilisées pour évaluer les compétences de nos sujets dans la compréhension du temps et de l’aspect.