On ne voit bien qu'avec l'oreille : de l'observation à la narration des rapports sociaux
Abstract
La clinique et les études féministes ont en commun de donner de la place au point de vue des participantEs considéréEs comme sujets et non comme simples objets de recherche. Elles proposent aussi de prendre en compte la part des chercheurEs investie dans la recherche et ses effets sur la production de la connaissance. Pour tout cela, si j’ai essayé d’observer les rapports sociaux en jeu dans la vie de ces femmes, il m’a paru important d’écouter leur discours sur ces rapports. J’ai ainsi privilégié l’écoute par les entretiens, même si la proximité avec le terrain m’a ouvert la porte à une observation très instructive pour mon objet d’étude. Dans cet article, je présenterai d’abord la place de l’observation à coté de mes entretiens en valorisant les apports des entretiens à la compréhension des rapports sociaux. Ensuite, j’analyserai en quoi la place des chercheurs dans les rapports sociaux, par exemple mon statut de femme noire ou de migrante haïtienne, agit sur la relation de recherche. Puis je présenterai l’importance de la participation des personnes interviewées dans cette recherche où je ne tenais ni le rôle de l’observatrice cachée, ni celui de l’experte seule détentrice du savoir. Ici, il ne s’agit nullement d’effectuer une comparaison linéaire entre l’observation et l’entretien ni même de les hiérarchiser. Je veux juste montrer comment l’observation m’a été utile mais insuffisante et pourquoi, en fonction des caractéristiques de cette recherche, j’ai privilégié les entretiens.
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