A l’heure où les espaces ruraux métropolitains sont idéalisés du fait de la proximité qu’ils offriraient à une alimentation durable et du fait de pratiques alimentaires spécifiques, le propos est de questionner la manière dont ils sont vécus et pratiqués au regard de l’alimentation des agriculteurs. Nous voulons montrer en quoi les pratiques alimentaires des agriculteurs de ces espaces permettent de questionner l’émergence d’une culture « agri-alimentaire » spécifique, renouvelée par les nouveaux enjeux de transition alimentaire qui se déploient dans les espaces métropolitains. En quoi les pratiques alimentaires des agriculteurs sont-elles constitutives d’une « culture agri-alimentaire » et/ou de processus de diffusion des transitions alimentaires ? La méthodologie est celle de récits de vie auprès d’agriculteurs habitant dans le département de la Seine-et-Marne (77) situé dans la région Île-de-France (France). Cette méthode permet de comprendre les trajectoires alimentaires et biographiques des agriculteurs et de qualifier leur modèle alimentaire. Les premières enquêtes montrent que les pratiques alimentaires des agriculteurs sont une hybridation entre appropriation de normes liées aux transitions alimentaires et réinvention de savoirs et de cultures alimentaires. Elles révèlent en cela une culture « agri-alimentaire » spécifique des agriculteurs et de nouvelles manières d’appréhender les liens ville-campagne et la ruralité. L’étude des transitions alimentaires par la pratique semble entraîner une remise en question et une transformation des pratiques alimentaires, qui seraient appropriées de manière inégale par les agriculteurs des espaces ruraux métropolitains. L’émergence de pratiques alimentaires durables et alternatives conduirait alors à la marginalisation voire l’exclusion de certains agriculteurs.