Introduction : le Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH) touche 20% des patients en soins pour un Trouble de l’Usage de Substance (TUS) 1. L’effet du TDAH sur le fonctionnement cognitif est majeur, mais son dépistage reste difficile. Nous avons voulu examiner les profils cognitifs de patients TUS avec TDAH confirmé grâce au BEARNI, un outil de dépistage bref largement utilisé dans les TUS liés à l’alcool et potentiellement altéré en cas de TDAH 2. Méthode : Les patients souffrant de TUS étaient adressés pour suspicion de TDAH en Hôpital de Jour et évalués au moyen de la DIVA-5 (Diagnostisch Interview Voor ADHD) pour le TDAH (DSM5), du MINI-S (Mini International Neuropsychiatric Interview) pour les comorbidités psychiatriques et les troubles de l’usage de substances (DSM5) et de la BEARNI (Brief Evaluation of Alcohol-Related Neuropsychological Impairment) pour l’évaluation du retentissement cognitif. Nous avons examiné le score cognitif de la BEARNI selon (i) la présence d’un TDAH et (ii) le nombre et le type de TUS chez les sujets avec TDAH confirmé. Le seuil de significativité était fixé à p <0,05. Résultats : Les 59 patients inclus avaient un âge moyen de 36+/-10 ans dont 46 hommes (78%) et 37 (63%) présentaient un TDAH. Nous n’avons pas trouvé d’association significative à la BEARNI en fonction de la présence d’un TDAH ou du nombre de critères à la DIVA-5 (p = 0,129 et 0,146 ; respectivement). Chez les 37 patients avec TDAH, le score cognitif à la BEARNI était en moyenne de 13 (+/-3) et ne montrait pas de différence significative en fonction du diagnostic de trouble de l’usage d’alcool, de cannabis, de stimulant, ni de sédatifs (p minimum =0,101 pour le cannabis). Une différence significative a été observée pour le trouble de l’usage d’opiacés (p = 0,019 mais N =3 vs. 34). Il n’y avait pas d’association entre la BEARNI et les niveaux de consommation d’alcool des trois derniers mois (p = 0,793). Discussion : Ces résultats suggèrent que les difficultés cognitives des sujets avec TUS multiples et TDAH ne sont pas sensibles à la BEARNI, qui ne détectait pas non plus celles liées à l’alcool dans cette population très spécifique au score déjà globalement péjoratif par rapport aux sujets sains. Ces résultats peuvent s’expliquer par la sévérité des symptômes addictifs et du TDAH de l’échantillon. Nous poursuivrons nos explorations avec un échantillon plus large et, surtout, en incluant des contrôles (i) avec TUS sans TDAH et (ii) avec TDAH sans TUS.