Le cancer en prison (CaPri) - Université Paris Nanterre
Rapport Année : 2023

Le cancer en prison (CaPri)

Philippe Combessie
Yvain Auger
  • Fonction : Collaborateur
  • PersonId : 1327913
Clara Brones
  • Fonction : Collaborateur
Gilles Chatellier
  • Fonction : Collaborateur
  • PersonId : 931013
Aurélien Djakouane
Seydou Goro
  • Fonction : Collaborateur
  • PersonId : 1327914
Frédéric Grimopont
  • Fonction : Collaborateur
  • PersonId : 1327915
Myriam Joël
  • Fonction : Auteur
Emmanuelle Kempf
Andrea Lazzati
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 980918
Vincent Rubio
  • Fonction : Auteur

Résumé

Cette recherche s’inscrit dans une triple perspective : médicale, épidémiologique et sociologique. Elle mobilise des données statistiques nationales et repose sur un terrain d’investigation qualitative constitué par deux des huit Unités Hospitalières Sécurisées Interrégionales (UHSI) françaises. Les UHSI, qui prennent en charge les hospitalisations de plus de 48 heures des personnes détenues, représentent des lieux centraux pour le soin et le suivi des cancers. Le panorama statistique s’appuie sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS) à partir desquelles a été distinguée l’activité des UHSI. De 2011 à 2020, 2 082 patients atteints de cancer ont séjourné en UHSI (médiane : 186/an). La tendance est stable, avec un taux d’incidence de 0,24% de la population carcérale. Les caractéristiques socio-sanitaires des personnes détenues sont marquées par des comportements addictifs et de fortes comorbidités (notamment diabète, hypertension et dépression) qui constituent autant de facteurs de risque. Parmi les différentes formes de cancer, celui du poumon présente le plus grand nombre de cas (N = 332 ; soit 16%). Arrivent ensuite : ORL (9%), prostate (7%), colorectal (6%) et vessie (6%). Comparé aux données nationales, le cancer du poumon est largement surreprésenté (16% contre 6%). Les entretiens avec les patients-détenus ont éclairé tant la situation qu’ils avaient connue au sein des établissements pénitentiaires que ce qu’ils vivent au sein de l’UHSI où ils ont été rencontrés. Le concept de « trajectoire de maladie » (Anselm Strauss) trouve, avec l’expérience du cancer en prison, un terrain emblématique. Nous avons dénommé « trajectoire ascendante » les situations où, pour les patients incarcérés atteints de cancer, la prison constitue, nous ont dit certains d’entre eux, une « chance », parce que cette pathologie, singulièrement lourde, n’avait pas été détectée avant l’incarcération. Nous avons dénommé « trajectoire descendante » les situations où l’incarcération a contribué, à l’inverse, à ce que le diagnostic et la prise en charge soit particulièrement longs. Même si des différences entre les UHSI investiguées ont pu être notées, la dimension de ce type d’unité est propice à favoriser la communication entre services, et, par là même, à prodiguer une attention particulière à des personnes doublement vulnérables car soumises, d’une part, à une incarcération, d’autre part à une pathologie lourde. Séjourner en UHSI pour un cancer implique de nouvelles formes de socialisation. Outre le fait d’être soigné pour une pathologie qui dans certains cas était inconnue du patient, celui-ci doit également apprendre les codes et les normes de ce nouvel espace relationnel. Une des recommandations pourrait être de réfléchir à des dispositifs pour accompagner les justiciables incarcérés malades, et d’insister, outre les aspects médicaux, sur les formes de sociabilités nécessaires pour vivre le moins mal possible le cancer en prison.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04353936 , version 1 (19-12-2023)

Licence

Identifiants

  • HAL Id : hal-04353936 , version 1

Citer

Philippe Combessie, Yvain Auger, Clara Brones, Gilles Chatellier, Aurélien Djakouane, et al.. Le cancer en prison (CaPri). 18.32, IERDJ - Institut des Études et de la Recherche sur le Droit et la Justice. 2023. ⟨hal-04353936⟩
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