Récits de l’entropie : évocations d’un monde qui meurt dans « La Maison de la faim » de Dambudzo Marechera et Mzingile d’Euphrase Kezilahabi
Abstract
Quoi qu’ils soient en apparence très différents, la novella « La Maison de la Faim »
du Zimbabwéen Dambudzo Marechera et le court roman en swahili Mzingile (le labyrinthe) du
Tanzanien Euphrase Kezilahabi ont en commun la représentation d’un espace déliquescent,
rendu quasi inhabitable par l’action humaine. Pour Marechera, c’est le béton lépreux du township
qui sert de décor à un récit éclaté. La « maison » éponyme représente un urbanisme sauvage
qui réduit la nature à l’état de trace, de tache, et écrase les personnages. Quant au labyrinthe
dans lequel évolue le narrateur de Kezilahabi, il correspond à un monde post-apocalyptique
marqué par une catastrophe nucléaire dont les circonstances ne sont jamais élucidées. Dans
les deux cas, l’hybridité générique qui mobilise les ressources du roman expérimental occidental
et des motifs empruntés au conte permet de mettre en place un espace complexe. L’objet
de cette communication serait d’explorer la place accordée dans la narration à ce que l’on
pourrait appeler des « zones sinistrées ». Celles-ci, en effet, sont à la fois le reflet d’un désastre
écologique envisagé et une représentation symbolique de la société dans laquelle évoluent les
deux auteurs.