L'éthique des vertus : ancrage antique et enjeux contemporains
Abstract
Ce qu’on appelle l’éthique des vertus est un courant philosophique né à la fin des années 60, dont la particularité par rapport aux autres systèmes éthiques est un retour assumé aux « anciens », et en particulier la philosophie pratique d’Aristote. En plaçant au cœur de l’éthique les concepts de « vertu », de « bonheur » et de « prudence » en les opposant à une morale déontologique et utilitariste, l’éthique des vertus a eu l’ambition de mieux répondre aux enjeux moraux et politiques contemporains, notamment concernant notre rapport à autrui, à la nature, au bonheur. Cet article retrace tout d’abord le contexte intellectuel des penseurs de l’éthique des vertus, qui explique un retour à l’éthique grecque parfois sans précaution historique ; il se penche ensuite sur trois concepts clefs de l’éthique des vertus (vertu, bonheur, prudence), qui en constituent l’architecture générale ; enfin, il souligne les limites de la réappropriation de certains concepts « anciens » par l’éthique des vertus (nature, justice, savoir) en montrant comment certains pans de la pensée de Platon et d’Aristote ont été interprétés, ou au contraire occultés, alors qu’ils peuvent encore se révéler féconds.