Activité épilinguistique de l’apprenant en cours de langue étrangère : d’une grammaire individuelle à l’élaboration d’un système métalinguistique collectif.
Résumé
Cette conférence propose d’aborder la question de la place que pourraient occuper et de la forme que pourraient prendre la grammaire et la linguistique dans l’enseignement des langues vivantes étrangères (LVE), à partir d’expériences menées en collège, en lycée (Leroux Plessis, 2020, 2021) et en INSPE (Leroux, 2023), en France.
Alors qu’en ce début de 21ème siècle les enseignants de langue vivante du secondaire ne disposent plus au maximum que de quatre puis trois heures devant les élèves (Décret n° 2015-544 du 19/04/2015), il leur est de plus en plus difficile de consacrer le temps nécessaire à la mise au point grammaticale, traditionnellement placée en fin de cours. De plus, si l’on se fie aux résultats publiés par la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance, analysés sur le site The Conversation (Leroux, 2019), ou à l’étude de corpus d’apprenants de troisième (Leroux, Manoïlov, 2023), les élèves français n’atteignent pas les niveaux fixés par les Instructions Officielles (BO spécial n°11 du 26/11/2015) adossées au Cadre d’Éducation Commun de Référence pour les langues, le CECRL (2001, 2018). D’autre part, l’entrée culturelle et la préférence accordée aux activités de communication, recommandées par les IO (2015), laissent peu de place dans l’enseignement à la dimension linguistique de la langue étrangère.
Cependant divers marqueurs et structures relevés dans le discours d’apprenant mettent au jour la présence d’une activité épilinguistique (Culioli, 1999 : 74), activité inconsciente sur la langue et le langage ou du moins pas identifiée comme telle ni formalisée par un discours métalinguistique, suggérant qu’il existe un réel potentiel chez les apprenants en matière de réflexion sur la langue. C’est ce potentiel que nous suggérons d’exploiter en cours de langue. En effet, ses différentes manifestations sous forme d’essai-erreur, d’auto-correction ou de question, individuelles et subjectives dans leur forme première, peuvent servir de fondement à une réflexion collective en classe lors d’activités organisées par l’enseignant afin de construire un appareil métalinguistique collectif. À l’heure de la pédagogie à visée actionnelle, centrée autour du projet, nous ouvrirons une discussion sur les formes et la place que cette réflexion pourrait occuper dans le cours de langue.
Suite à une présentation de ce que nous désignons par l’expression activité épilinguistique, nous proposerons une réflexion à partir de deux expériences menées en classe et ouvrirons, à partir d’une troisième expérience, sur la formation des enseignants.