Normer l'oubli
Résumé
Les textes réunis dans cet ouvrage interdisciplinaire posent des jalons pour analyser les parcours, spontanés ou contraints, de l’oubli et discerner les linéaments de l’asymétrie entre mémoire et oubli, les deux notions n’étant pas le miroir l’une de l’autre. L’oubli n’est pas que le filtre d’une mémoire surabondante ou la part des souvenirs effacés ; l’oubli est également une norme sociale et juridique. Mais dans l’entreprise de normer l’oubli se jouent aussi la négation des droits et les rapports complexes, si ce n’est inextricable, entre oubli et différence. C’est alors la question des stratégies institutionnelles ou politiques, et leurs échecs, qui se dévoilent dans cette entreprise dès lors que resurgit le passé. Certes le droit et, partant, la société résistent, allant jusqu’à institutionnaliser l’oubli et en cultiver les bienfaits, armé notamment par la prescription et l’amnistie. Toutefois, de cette fiction juridique – fiction instituante – qui provoque la mise en oubli ou l’effacement, subsiste la trace de la gomme ou la cicatrice.