Supervised Hospitality : Family Workers and Foster Care in France
Une hospitalité sous contrôle : les assistantes familiales et l’accueil des mineurs en France
Abstract
In France, a family worker takes in children that have been entrusted by a judge to the central authority for child welfare. Under legal supervision, this care is provided by foster families, one of whose members, the assistante familiale (typically a woman), is responsible for hosting the minor in her home in accordance with the procedures and time limits set by the judge. Throughout the duration of the hosting, social workers are responsible for ensuring that the arrangement runs smoothly. This article examines how the daily attention given to a child is reconciled with the requirements of the central authori- ties. In this three-way relationship between the child, the social workers and the foster family, the role of the assistante familiale is central. Remunerated for her work, she is at the heart of the paradox that cuts across all care professions. Paid to accommodate and nurture, her work remains subject to social and administrative notions and injunctions regarding the « right way » to behave. As we show, however, the hospitality offered to the child may come to take a new form over time. When the minor becomes an adult, the months or years of shared daily life sometimes make it possible to establish the terms of a new relationship.
En France, les assistantes familiales accueillent chez elles des enfants qu’un juge a préalablement confiés à l’administration centrale de l’Aide sociale à l’enfance. Encadrée par le droit, cette prise en charge se fait au sein d’une famille d’accueil dont l’un des membres, l’assistante familiale (le plus souvent, une femme), a pour responsabilité d’accueillir, dans son foyer, le mineur selon les modalités et la temporalité fixées par le juge. Durant toute la durée de l’accueil, des travailleurs sociaux sont chargés de veiller à son bon déroulement. Cet article examine la manière dont se concilient l’attention quotidienne apportée à un enfant et les exigences de l’administration. Dans cette relation qui se joue à trois, entre l’enfant, le travailleur social et la famille d’accueil, le rôle de l’assistante familiale est central. Rémunérée pour son travail consistant à accueillir et prendre soin, elle se trouve au cœur du paradoxe propre à toutes les professions du care en étant confrontée aux représentations et injonctions sociales et administratives de la « bonne manière » de faire. Dans le temps long, pourtant, l’hospitalité offerte à l’enfant peut prendre une nouvelle forme. Lorsque le mineur devient majeur, les mois ou les années de vie quotidienne partagée permettent parfois de construire les modalités d’une relation nouvelle.