Pasteurs nomades et pratiques cultuelles antéislamiques : le cas de la geerewol
Abstract
Il est d’autant plus aisé d’associer de façon essentialiste les Peuls à l’Islam que, outre qu’ils ont été à l’initiative des grands djihâds sahéliens du XIXe siècle, il semble ne rester aucune trace tangible des systèmes de croyances qui auraient pu être les leurs avant leur islamisation. C’est oublier qu’il existe, dans tous les dialectes peuls, une classe nominale énigmatique qui ne comprend que trois termes — le feu, le soleil et la vache —, à propos de laquelle anthropologues et linguistes ont émis l’hypothèse qu’elle renvoyait au champ sémantique du religieux. Confrontant les données de l’enquête ethnographique, de la linguistique et de la mythologie, cet article revisite cette hypothèse à l’aune de l’un des derniers grands rituels initiatiques encore pratiqué par une société peule, la geerewol des nomades wodaabe du Niger.